Après des études à Jérusalem, puis à Paris, c’est à l’Université de Montréal qu’Ofer Pelz a obtenu un doctorat en composition. L’ensemble Meitar est basé à Tel-Aviv, mais ce disque offre néanmoins plusieurs occasions d’entendre, fut-ce par la bande, « le son de Montréal ». On a découvert son chef en résidence, Pierre-André Valade, lors de la première édition du festival MNM, en 2003, alors qu’il était venu diriger l’OSM. Le quintette le suit ici dans marchons, marchons, une commande de Expo Milano 2015 dans laquelle le compositeur a savamment détourné le thème de l’exposition, « Nourrir la planète » en s’inspirant d’un extrait du refrain de La Marseillaise, « qu’un sang impur abreuve nos sillons! ». L’enregistrement de cette pièce a été réalisé en concert à la salle Bourgie du Musée des beaux-arts de Montréal.
Chinese Whispers, une commande de l’ensemble qui l’a d’ailleurs interprétée à Montréal en 2015, offre un autre bel exemple du travaille du compositeur, qui s’inspire des techniques de la musique spectrale pour fouiller le cœur du son et décortiquer les bruits qui le composent. Pelz utilise différentes méthodes de travail, comme l’exploration du concept de « répétition instable » (qui n’a rien à voir avec ce que l’on peut entendre généralement par « musique répétitive »). Dans la pièce pour piano préparé Backward inductions, que joue le directeur artistique de l’ensemble, Amit Dolber. il ajoute à cette façon de faire l’idée de rétro-ingénierie ; il part des dernières notes de la pièce pour imaginer ce qui a pu y mener, et ça produit quelque chose de très rythmé qui donne l’impression que la pianiste danse à claquettes sur son clavier (non, non, j’aime ça!).
Le disque compte aussi une pièce pour flûte et électronique qui a été enregistrée à l’Université de Montréal. Un peu comme dans Backward inductions, Convergence se construit sur une granulation inversée, les petits sons devenant grands (pour le dire simplement!). Enfin, dans la dernière pièce, Blanc sur Blanc, le quatuor à cordes Ardeo se joint au quintette pour interpréter sous la direction de Renaud Déjardin une pièce qui met encore une fois de l’avant des concepts compositionnels inspirés des mathématiques et dérivés de l’électroacoustique (spirale logarithmique, accumulation de boucles, etc.). La pochette du disque reproduit une œuvre de Mateo, un artiste français qui est lui aussi basé à Montréal. Un compositeur à surveiller dans un programme près de chez vous (ici, là et ailleurs).