Une séquence en boucle de notes claires, égrenées de sorte qu’elles imprègnent l’âme du musicophile. Et par-dessus, douze couplets mélancoliques déclamés de manière morne et frondeuse, au bout desquels les synthés s’emballent et les cymbales s’éclatent : c’est Mr. Fétis, première des seize pièces de 1200 mètres en tout. Il s’agit du cinquième album en format complet d’Odezenne, que le trio a créé dans son studio maison bordelais avec un coup de main de Bertrand Fresel (Tony Allen, Bernard Lavilliers, Oumou Sangaré, Feu! Chatterton) au mixage et d’Antoine Chabert (Arnaud Fleurent-Didier, La Femme, Daft Punk) au matriçage. Odezenne a fait paraître 1200 mètres en tout sur sa propre étiquette ingénieusement baptisée « Universeul », une raison sociale qui illustre parfaitement la pop de synthèse cafardeuse de cet ensemble regroupant Mattia Lucchini, Jacques Cormary et Alix Caillet. Ces deux derniers poétisent puissamment leurs histoires vécues ou fantasmées. Ça donne des refrains coup de poing comme celui d’Une danse de mauvais goût, que chante Julia Lanoë (Mansfield.TYA, Kompromat, Sexy Sushi) : « Quand tes silences se font trop longs – Je me languis de tes paroles – Et quand bien même j’ai raison – C’est le silence qui résonne – Tes silences je les veux – Ici et dans ma tombe »… Le musicophile pourra s’extirper momentanément de cette grisaille édifiante pour danser sur Palavas-les-flots ou Bitch. L’album prend fin sur la poignante Vu d’ici, hommage à Marie-Priska Caillet, sœur d’Alix, emportée par le cancer l’automne dernier à l’âge de 38 ans. On la voit dans le clip-documentaire ci-dessous, qu’elle avait réalisé.
