Le premier album d’un artiste fait souvent état des doutes et des questionnements qui viennent avec les débuts de l’âge adulte. Après avoir quitté son nid au Minnesota, Kate Morley s’est envolée vers Los Angeles, puis Londres où l’amour l’a guidée. Elle est passée de l’étude des neurosciences aux arts visuels puis à la musique. Alors que tout d’abord, ses créations étaient surtout marquées par sa fascination pour les musiques électroniques, ses premiers mini-albums témoignèrent ensuite d’un glissement vers une approche chansonnière plus traditionnelle. Nous voici donc maintenant en présence de ‘Til I Start Speaking, premier opus complet que la jeune artiste a élaboré avec l’aide de son fidèle comparse, l’Australien Christopher Stracey, membre du duo électro Bag Raiders. Après les brumes ambient de la pièce-titre, nous évoluons sur un terrain avoisinant l’univers de Fiona Apple. Les influences folk et jazzy de Morly, la place prépondérante qu’occupe son piano et ses textes à saveur autobiographique lui attireront sûrement cette comparaison à maintes reprises. Moins rageusement intense que l’autrice de Fetch the Bolt Cutters, la chanteuse s’abreuve toutefois à plusieurs sources : Bob Dylan, Nina Simone, Joni Mitchell, Sade mais aussi des artistes associés à la mouvance dubstep tels Burial ou Mount Kimbie. L’apport de la lutherie électronique aux chansons de l’album se fait par petites touches très subtiles, mais il permet à Morly de sortir du lot. Ce travail sur les textures sonores pique la curiosité, mais c’est surtout grâce à la charge émotionnelle des pièces les plus réussies du programme que la créatrice fera fondre les cœurs. Qu’elle chante une relation dans laquelle elle n’arrive pas à s’épanouir (Dance to You), la dépendance affective (Wasted, morceau gospel bien senti), les feux de l’amour naissant (Twain Harte, très belle ballade piano voix) ou la douleur de la rupture (touchante Eliogy), elle le fait avec une conviction désarmante. Il nous faudra suivre cette fille de près!
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