En 13 ans, quiconque avait été impressionné par Parasignosis (2011) à l’époque a pu oublier que dans l’ombre, l’occulte Mitochondrion de Vancouver préparait un nouvel assaut. D’une durée de près d’une heure et demie, Vitriseptome est sinistre, énigmatique et réitère les vertus de la patience.
Un album aussi ambitieux que Vitriseptome prend réellement une décennie à concevoir. Au-delà des riffs lourds et croustillants à la Morbid Angel, de l’extrême dissonance de certains passages et de la noirceur oppressive qui tapisse toute la musique, il y a une quantité infinitésimale de détails qui échapperont fatalement à l’auditoire, mais qui se ressentent néanmoins et font la différence. Pour Mitochondrion, vomir davantage de matériel remâchant les éléments stylistiques qu’on leur connaît n’allait pas être suffisant pour justifier de concevoir un nouvel album. Il fallait aller plus loin et rendre l’expérience d’écoute encore plus subversive, voire sélecte. Mais si on ose s’y mouiller les pieds, tout porte à croire queVitriseptome est le magnum opus définitif du groupe, une contribution qui sera difficile à surpasser à l’avenir.
Au travers des structures très denses et angulaires enchaînant rapidement les riffs, on a une multitude de couches de guitares qui créent une texture opaque qu’on peut s’amuser masochistement à décrypter. Les voix, partagées et variées par trois membres du groupe, sont aussi techniques qu’expressives dans leur débit incantatoire. Notons également les occasionnels synthétiseurs et la composition sonore qui s’apprécie majoritairement dans les introductions, intermèdes et passages plus calmes. Car oui, il y a des moments d’accalmie, plus introspectifs, qui permettent de faire baisser la tension pour mieux la faire escalader de plus belle par la suite. Ces passages évoluent souvent en sections plutôt doom metal qui relèvent presque du rituel mis en musique. On devine d’ailleurs l’intentionnalité de telles évocations.
On peut conclure que Vitriseptome justifie pleinement sa longueur, car l’attention demandée n’a d’égal que l’énergie qui a été mise pour sculpter cet album. C’est une contribution qui démontre la maturité d’un groupe qui a su assimiler une esthétique ultra nichée au point d’innover à l’intérieur de paramètres qu’il s’est imposés lui-même. Une descente aux enfers qui saura plaire aux plus tenaces et orgueilleux amateurs de l’insolite et de musique difficile.