Men I Trust est l’un de ces groupes locaux montréalais qui est en quelque sorte une anomalie, existant dans un vide moderne entre les super fans et les gens qui n’ont jamais entendu leur doux jazz de rêve indie auparavant. Ils joueront sur la scène principale du Festival de Jazz de Montréal en juillet, alors peut-être qu’ils exploseront encore plus qu’ils ne l’ont déjà fait. Néanmoins, voici un groupe qui a tout fait de façon indépendante et selon ses propres termes depuis le premier jour, ce qui leur a permis de quitter leur emploi en 2018 et de faire de la musique à temps plein. De là sont nés les fabuleux Oncle Jazz et The Untourable Album, tous cimentés par les paroles mielleuses de la chanteuse/guitariste Emma Proulx, du bassiste/guitariste Jessy Caron et du claviériste Dragos Chiriac, et maintenant nous avons Equus Asinus, l’un des deux nouveaux albums prévus pour 2025.
Le premier titre « I Come With Mud » est quelque peu surprenant, avec une vibe country twangy équipée d’un riff de guitare slide, ce qui n’est pas une première pour Men I Trust, mais l’ensemble du titre semble nouveau pour leur son. Et puis la voix d’Emma entre en jeu et cela devient un standard de Men I Trust, vous rendant nostalgique d’une époque que vous n’avez pas encore vécue. Je dois mentionner le solo de guitare de style Nashville-lead dans l’outro. La cerise sur le gâteau.
Des titres comme « All My Candles » et « Bethlehem » sont plus proches du son classique de Men I Trust – des histoires douces mélangées à une musique vibrante et froide. Les touches/synthés prennent parfois le dessus ou une guitare acoustique piquée au doigt alors qu’Emma vous emmène dans les hauts et les bas de la vie normale, ressemblant à un ami perdu de longue date lors d’un appel téléphonique que vous avez entendu un millier de fois. Des chansons comme « The Landkeeper » font baisser le rythme cardiaque, c’est une chanson qui trouve une pureté bienfaisante dans sa simplicité, et le clavier enjoué est si serré.
Ce que j’aime chez Men I Trust, c’est qu’ils ne sont jamais tape-à-l’œil. Les chansons ne sont jamais trop longues, et les jams entre les membres du groupe ne sont jamais perdus dans la sauce. On en veut toujours plus, et avec un album de 14 chansons comme Equus Asinus, on en a. « Girl (2025) » a l’énergie d’un Serge Gainsbourg, avec Jessy en duo avec Emma.
Puis on passe au français après un jeu de synthétiseurs à la James Bond.
Equus Asinus ne s’éloigne pas trop des vibrations entendues sur Oncle Jazz ou The Untourable Album, et honnêtement, il n’en a pas besoin. S’il s’agissait d’un autre groupe, je m’ennuierais peut-être, mais Men I Trust ne fait vraiment pas de mal.