Usurpateur-né ou patenteux de génie? La question se pose avec ce premier album de
Sangit, un percussionniste et réalisateur venu d’Israël qui compose et rassemble autour de
lui des musiciens compétents de l’Iran et du Congo, de l’Éthiopie et du Maroc, du
Burkina Faso et, bien sûr, du Mali infranchissable. Voulant faire plaisir à tout le monde,
mais d’abord à lui-même – clairement –, le concepteur réunit donc onze voix
successivement pour un album en neuf langues. Faut le faire! Il y a même une toune en
français (jolie surprise!), Émotiodanse, assez joyeuse et optimiste qui répète : « Je n’ai
pas assez de mots pour dire ce que je ressens », un peu comme l’aurait fait Manu Chao.
Le plus intéressant, c’est qu’il n’y a pas de recette unique ici mais plutôt un chef qui
épice et s’amuse devant les fourneaux avec des invités tous tentés par le challenge et
l’aventure. L’afrobeat et l’afro-funk semblent quand même les couleurs dominantes dans
la première moitié de l’ouvrage, depuis la pièce-titre jusqu’au premier simple Turn Your
Head to the Light. Il y a aussi des effluves old-school qui émanent du studio, des solos de
trompette et surtout de flûtes très jazzy. On entend même des sons gnawas, du soul
mandingue, quelques claviers vintages et des guitares électriques R&B d’antan. À
signaler, Child of a War, un blues du désert aussi lent qu’envoûtant.
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