Voilà cet autre récit de résurrection. Afro-américaine d’ascendance éthiopienne, Kelela Mizanekristos avait fait belle impression en 2017, soit avec cet album électro-soul intitulé Take Me Apart. Puis différents projets mineurs se sont succédés et … pas grand-chose de 2019 jusqu’à février 2023, plus ou moins la période pandémique. La musique pop étant ce qu’elle est, une demi-décennie d’inactivité équivaut souvent à l’oubli. Et voilà Kelela ressurgir contre toute attente. Raven est plus aérien et pourtant souvent lié à des rythmes parfois plus anglais et africains qu’américains, beats jungle, (surtout) drum’n’bass, UK garage, afro-électro et plus encore. On ne s’étonnera pas que le mythique label anglais Warp endosse ce projet. Le beatmaking est assuré par Kaytranada, Asmara, Mocky, LSDXOXO, Bambii, Junglepussy, en tout 14 spécialistes de la micro-réalisation, répartis sur 14 chansons présentées sous la forme d’un continuum sans rupture apparente. Les airs soul se trouvent en suspension au-dessus du beat et des alluvions électroniques cumulées par son ruisseau de création. Kelela survole ainsi le plancher de danse et s’y affirme comme une queer afro-américaine négociant avec les aléas de son existence : relations de pouvoir, passion inhérente au renouveau amoureux, posture féministe en tant que femme noire, reconstruction et recadrage de l’égo, quête d’une énergie nouvelle, catharsis.
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