Kahil El’Zabar est un chaman du son, un percussionniste-guérisseur qui, depuis cinq décennies, a recours à la musique afin de soulager le peuple afro-américain des maux qui l’affligent. La dernière fois qu’on avait eu des nouvelles de ce grand marabout originaire de Chicago, c’était en 2020 lors de la parution de America the Beautiful, opus magistral qui offrait une réponse lumineuse aux politiques toxiques d’un président qui n’hésitait pas à soutenir des mouvements racistes à la légitimité douteuse. Aujourd’hui, il ratisse plus large puisqu’il dédie A Time for Healing à une Amérique aux prises avec plusieurs traumatismes : une pandémie qui se prolonge, une crise environnementale qu’on ne peut plus ignorer et les effets pervers de décennies de politiques discriminatoires à l’endroit des citoyens de couleurs. Pour que sa magie opère, le bon sorcier a requis les services de thérapeutes musicaux chevronnés : le trompettiste Corey Wilkes, le claviériste Justin Dillard et le saxophoniste Isaiah Collier.
La médecine que ce quartet administre aux âmes brisées prend son temps pour agir. Exception faite de la relecture du standard Summertime qui clôt le programme, les morceaux présentés durent de six à treize minutes. Les rythmes que déploie El’Zabar sont lents et répétitifs, comme les mouvements circulaires d’un massage imprimé en douceur là où ça fait mal. Ces bases hypnotiques jetées par le leader et le claviériste servent de trame de fond au saxophone et à la trompette, qui s’élèvent en volutes apaisantes. Quand le maître délaisse le cajón ou le piano à pouces africain afin de prendre place derrière la batterie, le groove se fait plus funky. Au final, A Time for Healing n’a peut-être pas la force de America the Beautiful, mais ses effets bienfaisants en font un analgésique naturel que nous vous prescrivons sans hésitation.
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