On la retrouve avec énormément de plaisir auditif, cette Juliette. Et beaucoup d’attentes également, puisque Petite Amie avait tant ensorcelé le musicophile en 2017. Brûler le feu ne le saisit pas aussi viscéralement, ce musicophile, même après plusieurs écoutes. L’effet de surprise de l’opus originel s’est estompé, on cherche en vain des pièces aussi fortes que L’amour en solitaire ou À la folie, on éprouve sans doute aussi une certaine lassitude devant le rétropompage des sonorités disco. Clara Luciani nous a fait le coup en juin dernier, Fishbach s’apprête à nous le faire au début de 2022. Quand on est venu au monde dans les années 80 ou 90, on peut imaginer les années 70 comme une oasis musicale exotique et intarissable. Or, quand on les a connues, ces années, on ne tient pas y être rétroporté trop souvent. Sinon, force est de reconnaître que Juliette Armanet est supérieurement douée. Ses références demeurent les mêmes, c’est-à-dire Véronique Sanson, Michel Berger, Christophe. Avec un aparté soul dans Bou Boum Baby, dont les premières mesures nous rappellent grandement It Ain’t Over ’til It’s Over, tube qu’avait créé Lenny Kravitz il y a trente ans en puisant directement dans l’héritage Motown et Philadelphia soul. Juliette a confié à un escadron de producteurs chevronnés la tâche d’appliquer une couche de vernis contemporain à ses chansons. Fructueuse décision qui renforce celles-ci, comme on le constate sur Sauver ma vie : parallèlement à la trame rétro piano-disco avec cordes, un rythme synthétique ajoute un supplément de vie. Ces collaborateurs se nomment SebastiAn, avec qui Juliette fait un duo sur Vertigo, qui a fait ses armes auprès de Charlotte Gainsbourg, Philippe Katerine, Woodkid et Frank Ocean; Yuksek, qui a produit et remixé des dizaines de titres, de Birdy Nam Nam à Lana Del Rey; ou encore Julien Delfaud, qui a pour clients Gaëtan Roussel, la susmentionnée Clara Luciani, Biolay et une foule d’autres. Tout compte fait, nonobstant les abus de projection nostalgique – dont la police de caractère Flashdance saucée dans la peinture dorée –, Brûler le feu constitue une œuvre pop haut de gamme, surtout grâce à l’écriture magnifique de Juliette Armanet et à sa voix, toujours aussi sensuellement envoûtante.
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