Joel Ross, le prodige bien-aimé du vibraphone jazz, livre une fois de plus un set fin et fougueux sur son dernier album Blue Note, Nublues. Comme le titre l’indique, le point d’entrée ici – ou peut-être le point de départ – est le blues. Inspiré d’un séminaire qu’il a suivi sur le sujet pendant ses années à la New School, cet album semble servir de véhicule à Ross et à son groupe pour arriver à l’essence de ce qu’est réellement le blues. L’album sonne certainement comme tel, il a une qualité pénétrante qui reste constante tout au long de cet ensemble délicieusement varié de dix morceaux.
Bien que cet album soit entièrement consacré au blues, il n’a pas toujours un son bluesy, car comme l’écrit Ross lui-même, le blues est en fin de compte « une sorte d’esprit, une énergie ». Et c’est précisément cette énergie qui parcourt tout le long de cet album. Le numéro d’ouverture « early » donne le ton assez facilement, avec un côté maussade et terreux qui permet au blues de se déployer comme une fleur. Le deuxième morceau, « Equinox », un classique de Coltrane, n’est pas non plus votre blues typique. À la fin du morceau, le groupe arrive à une sorte de son post-rock, de jazz de chambre, tout simplement sublime.
Inutile de dire que la maîtrise du vibraphone de Ross est pleinement visible, démontrant sa capacité à extraire un riche spectre de sons et d’émotions de l’instrument. L’une des qualités remarquables de Nublues est la volonté de Ross de repousser les limites tout en restant fidèle à l’essence de son son. Les éléments expérimentaux ajoutent des niveaux de complexité aux arrangements, créant un sentiment d’imprévisibilité qui maintient l’auditeur en haleine. Pourtant, même au milieu de l’exploration sonore, le noyau émouvant de la musique de Ross reste intact. Il suffit d’écouter « bach (dieu le père de l’éternité) » ou « chanter » pour ressentir la profondeur de l’expression musicale exposée ici.
L’effort de collaboration avec son ensemble talentueux ajoute de la profondeur au paysage sonore global. Chaque musicien apporte une voix unique à l’album, contribuant à la riche tapisserie sonore. L’interaction entre les musiciens témoigne du sentiment de chaleur et de confiance qui règne entre eux. Des ballades introspectives aux compositions dynamiques et rythmiques complexes, l’album témoigne de la polyvalence de Ross en tant que musicien et compositeur. Sa capacité à mélanger l’expérimental et le familier témoigne d’une maturité qui le distingue dans le paysage du jazz contemporain.