Quel autre artiste que le Canado-Libanais Radwan Ghazi Moumneh procède à ces mélanges extrêmes de musique traditionnelle/classique du Levant, de sombres propositions ambient aux frontières du bruitisme ? Poser la question… Peu à peu, le maître d’œuvre audio du concept audiovisuel Jerusalem in my Heart a mis au point un langage unique, distinct de toutes les propositions moyen-orientales et occidentales. Métaphoriquement, cette approche peut être perçu comme le documentaire émotionnel d’un avant-gardiste libanais qui témoigne des violentes secousses subies par sa culture d’origine et des enjeux esthétiques auxquels elle doit aujourd’hui s’adapter. La dimension arabe de cette musique demeure incontournable, les propositions vocales respectent les propositions mélodiques du Levant ou explorent des avenues occidentales que peu empruntent. La diversité des invitations au programme témoigne de la profondeur artistique : l’artiste multi-disciplinaire américain Greg Fox, la Canadienne Alexei Perry Cox (sa compagne et ex-Handsome Furs), la bassiste afro-belge Farida Amadou, le le multi-instrumentiste acadien Pierre-Guy Blanchard, la grande artiste autochtone Alanis Obombsawin, la chanteuse portugaise Diana Combo, l’explorateur avant-rock Roger Tellier-Craig (Fly Pan AM), la performer afro-américaine de hip hop expérimental Moor Mother, le groupe post-rock français Oiseaux-Tempête, l’artiste multi-displinaire et chanteuse hongroise Réka Csiszér, le compositeur électronique canadien Tim Hecker, les artistes libanais Mayss, Mazen Kerbaj, Sharif Sehnaoui et Raed Yassin. Toutes ces cultures viennent ici s’exprimer sur le socle Jerusalem in my Heart, le résultat est édifiant, expression magnifique de l’anxiété profonde… voilà d’ailleurs ce que signifie Qalaq, un titre inspiré de la conjoncture libanaise.
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