Dany Gauthier dit Placard ouvre l’album en fonçant gaiement à rebours dans l’avenir : There Was a Friend (part 1), avec ses vibrations de guitare basse auxquelles on a ajouté une bonne dose d’écho, ressemble fort à un hommage en bonne et due forme à One of These Days, mémorable pièce des Pink Floyd. La sinistre promesse « Un de ces jours, je vous couperai en petits morceaux », énoncée d’une voix robotisée par Nick Mason à l’époque, est remplacée ici par des « Ah ah » chantés en chœur, ce qui est nettement plus sympa.
On enchaîne avec There Was a Friend (part 2), où Dany affirme des trucs étonnants, comme « Ça beef le jambon – Chicken pas pire » ou « Ça drive le bacon – Sur un moyen temps ». Ensuite, riff impitoyable dans la déchirante Tu me manques. Puis, Pulperie porte sur les craintes mycologiques de Dany. Pas d’humour dans l’élégiaque Too Late, où l’on retrouve le Dany mélancolique pré-Full Face. Plancher est une complainte incisive blues punk à la sauce sludge. Le tempo est plus rapido dans Le lièvre, chanson hallucinogène sur laquelle plane l’esprit de Daniel Boucher. Les neuf dernières minutes de l’album sont occupées par Maman, dont les effets font écho aux échos d’Echoes, autre monument figurant sur le Meddle des susmentionnés Pink Floyd.
Dany en mène large : en plus de tout écrire, il a réalisé cet opus lysergique chauffé par les amplis à lampes. Nicolas Beaudoin, Jonathan Bigras, Marc-Olivier Tremblay Drapeau, Léandre Bourgeois, Dave Chose, Julie Doiron et Vivianne Roy ont pris part à ce trip auquel sont conviés tous les musicophiles.