Composé par Giovanni Battista Pergolesi quelques mois avant sa mort en 1736, le Stabat Mater s’est depuis inscrit comme l’une des œuvres vocales sacrées les plus célèbres et les plus jouées du répertoire. C’est aussi une œuvre dont l’interprétation a été multiple, au cours des années. Le Stabat Mater fut écrit, à l’origine, pour soprano, contralto et orchestre avec accompagnement d’orgue. Julien Chauvin, violoniste et directeur musical de l’orchestre Le Concert de la Loge, a décidé d’en livrer une interprétation qui serait représentative de la manière dont l’œuvre aurait été jouée, à Paris, entre 1753 et 1790. En se basant sur des sources premières, notamment des manuscrits conservés à la Bibliothèque nationale de France, il a choisi pour cette restitution une interprétation pour dessus (soprano), bas-dessus (mezzo-soprano) et chœur d’enfants à deux voix avec orchestre. Le résultat est à la fois envoûtant et particulier, à l’écoute.
Accompagnées par les choristes de la Maîtrise de Radio France, la soprano belge Jodie Devos et la mezzo-soprano française Adèle Charvet, avec leur timbre respectivement étincelant et charnu, donnent vie aux douleurs de la Vierge face à la crucifixion de son fils. Simples dans leur richesse harmonique, les frottements et les réponses que s’offrent les deux interprètes et le chœur sont emplis d’ombre et de lumière. Avertissement en vigueur cependant : dans son souci de fidèle représentation, Chauvin a opté pour la prononciation en latin gallican, choix qui n’est pas des plus habituels pour les oreilles. L’album se conclut dans la même tonalité et la même thématique spirituelle et dramatique avec la Symphonie no 49 en fa mineur de Joseph Haydn, surnommée « La Passion ».