Lisez l’entrevue réalisée avec Iba Diabaté par le collègue Varun Swarup
Iba Diabaté a failli ne jamais être griot. Son père, Abdoulaye Diabaté, un maître reconnu au Mali, souhaitait une autre vie pour son garçon. C’est déménageant à Montréal il y a plusieurs années qu’Iba a ressenti l’appel de ses racines, et s’est mis à les écouter. Maintenant, il sort un cinquième album, justement intitulé Racines. Diabaté réalise les arrangements de ses compositions en plus de s’accompagner aux percussions lorsqu’il chante. L’ajout judicieux de ngoni (une guitare traditionnelle malienne), de guitare et de basse un peu partout, ainsi que de nombreux passages choraux, apportent une étoffe et une profondeur classique à la tradition mandingue ici déployée. J’ai une amour sincère pour plusieurs des pièces du programme, mais je soulignerai Koroto, une mélodie particulièrement riche et poignante qui frappe directement au cœur. Quelques solos de violon bien phrasés constituent un ajout simple mais très apprécié. Racines est un album classique mandingue dans sa forme et ses harmonies, à quelques délicates exceptions près, et superbement rendu. Enregistré au Mali et à Paris, mastérisé à Montréal, Racines est un exemple du triangle vertueux, et musicalement amoureux, qui existe entre ces trois lieux vecteurs modernes de la profonde et millénaire culture d’Afrique de l’Ouest. Du grand plaisir.