La première épopée psychédélique du milieu des années 60 a connu de nombreuses vagues de résurrection depuis sa création et reste encore aujourd’hui une source d’inspiration inépuisable pour les derniers groupes de rock néo-psychédélique actuel. Avec la promesse d’une expérience transcendantale accessible par l’usage de drogues pour atteindre la paix spirituelle et une transformation collective, le mouvement hippie dans son ensemble peut facilement donner un sentiment de fausse nostalgie idéalisée aux personnes qui n’ont jamais vécu cette époque. Véritable Dead Head qui fabrique toujours des t-shirts tie and dye et qui prend encore ses photos avec un ancien appareil Kodak, l’artiste Brian Harding, quant à lui, a certainement dû être influencé par des épisodes bien réels de l’époque. House Band est bien plus qu’un simple sentiment de nostalgie pour les cassettes.
Ce premier album réussit à ouvrir un véritable portail temporel sur les valeurs américaines alternatives du milieu des années 60. En partant sur la route avec Jack Kerouac, le groupe de Los Angeles se rend à l’époque où les Grateful Dead sont devenus le “house band” officiel des fameux Acid Tests de la figure de la contre-culture Ken Kesey, cette série légendaire de fêtes publiques et de happenings multimédias sous LSD organisée avant la criminalisation de cette drogue. Avec une équipe de musiciens connus pour leur travail avec Cat Power, Norah Jones, Sparks, St. Vincent, Tim Heidecker, Spoon, Grateful Shred, Bedouine et Perfume Genius, House Band est composé des adeptes du psychédélisme Brian Harding (clavier, guitare rythmique), Jason Roberts (guitare, producteur), Jay Rudolph (batterie, percussions), Andrew Maguire (percussions, batterie), Patrick Kelly (basse) et Alex Fischel (guitare, claviers). À la fois humoriste et machine à réseaux sociaux, Brian Harding est également connu pour sa page instagram PHILM, un magazine absurde d’anecdotes rares, de photos de concerts, de memes et de vidéos.
Sorti des labyrinthes de l’auteur de nouvelles argentin Jorge Luis Borges, « Aventurine » illustre musicalement les vertiges colorés d’une expérience psychédélique et aboutit sur un long voyage étrange d’improvisations désordonnées de jazz et de recherches spontanées dans l’espace. L’album d’une heure et demie donne l’impression d’avoir été enregistré par accident lors d’une soirée entre amis, mais se révèle être bien plus qu’une simple session de jam typique. Sans interruption, ni queue ni tête, les morceaux restent ancrés humblement dans l’incapacité humaine à frôler l’infini. Comme les “spinners” qui dansent sur eux-mêmes, la vie n’a qu’un certain degré de prévisibilité. Être vivant signifie simplement continuer à changer. L’improvisation libre a pour mission de vous ouvrir à sa magie, de prendre des risques comme un imbécile, d’être ouvert à toutes les possibilités, bonnes ou mauvaises, et de laisser libre cours à tout ce qui peut arriver. Entre vous et moi, il est possible que ce soit le succès commercial qui ait tué les Dead. L’éternité est censée être fun. Pourrez-vous passer le test des acides?