Issu de la scène avant-gardiste de Londres, Holy Tongue réunit la batteuse et percussionniste Valentina Magaletti (Nicolas Jaar, The Oscillation, Tomaga, Vanishing Twin et bien d’autres) et le producteur Al Wootton (Deadboy) autour de leur appréciation mutuelle des improvisations cathartiques et des expérimentations de dub obscur des années 80. L’une est une anomalie dadaïste à la batterie fragile, l’autre est un techno-chamane qui trafique des échantillons hallucinogènes sur des machines. Autant dire que la paire aime développer de nouvelles approches innovantes pour mettre fin à la règle et se dissocier des limitations. Pour son troisième EP, le duo nous perd à nouveau dans la transe improvisée d’une boucle psychédélique, afin de combattre les défis d’une malédiction.
Sorti de la Cavern dance-punk de Liquid Liquid durant une montée paranoïaque de Kundalini du groupe post-punk 23 Skidoo, Spirit Mask invoque la vision effrayante d’un esprit au coin de l’œil. C’est une véritable course-poursuite mentale. Ça sent la panique. L’inquiétude est grande. Le virage vers le chemin s’intensifie… L’apparition!
Between the Vessel and the Light évoque plutôt les vestiges des expérimentations dub du label anglais On-U Sounds (Dub Syndicate, African Head Charge) et ouvre l’illusion d’un espace infini d’ambient, d’échos et de reverb. Si l’on ose s’égarer dans la mauvaise direction de ce dangereux parcours à l’aveugle, Seven Arrows résonne comme un avertissement, où les coups de baguette de Magaletti lancent des flèches empoisonnées dans le cœur. Force est de constater que d’assembler la relation de partenariat aide bel et bien à contrer la menace.
Rarement dans la même direction du bonheur parfois difficile à trouver, ce parcours du combattant bien réel se termine dans le calme et la confiance, avec un retour au continuum sur Rivers Cannot Wash It Away. Comme la découverte d’une rareté lors d’une fouille archéologique, Holy Tongue est une drôle de trouvaille, une intrigante curiosité claustrophobe et une sorte d’incantation occulte qui cache bien des mystères, même après plusieurs écoutes.