Nous avons ici un cas patent de synergie, où le résultat dépasse la somme de ses parties. Ouri et Helena Deland ont chacune une carrière solo plus que prometteuse. Au terme d’études électroacoustiques, Ouri a fait la preuve de ses aptitudes probantes en tant que productrice, compositrice et DJ électro. Helena Deland, pour sa part, a créé un corpus incarné de chansons très majoritairement exprimées en anglais, dans la typique mouvance indie-folk ou indie-pop. Jusque là, tout allait comme sur des roulettes et voilà ce coup de foudre artistique entre deux femmes qui n’ont pas rapport a priori. OKOKOK… convenons que ce n’est pas la première fois qu’un artiste électro se trouve aux côtés d’une chanteuse, autrice et compositrice. Bien sûr, on aurait pu s’imaginer une jolie collection prêt-à-porter de chansons normalement construites avec toile de fond électronique. Or, l’inspiration de la mythique nonne Hildegarde von Bingen, femme de lettres, compositrice, artiste et intellectuelle allemande au tournant du deuxième millénaire, pionnière parmi les pionnières, a porté porté fruit , menant les deux Montréalaises à se dépasser, voire accomplir cette œuvre maîtresse qui leur ouvrira la voie planétaire. Cette rencontre dépasse largement les attentes, Ouri et Helena Deland ont vraisemblablement trouvé ce qui les propulsera ensemble, bien au-delà de leurs accomplissements individuels, fort louables au demeurant. Inutile de souligner que nous avons ici un album d’exception : les formes chansonnières y sont déconstruites à souhait, les mélodies vocales et les textes se trouvent au service d’œuvres construites telles des pièces électroniques ou instrumentales, les arrangements, traitements et transmutations des sources (voix, instruments, claviers, cordes, échantillons de sons récoltés sur le terrain, etc.) témoignent d’une recherche, d’une sensualité et d’une finesse hors du commun. Bravissimo.
