Jusqu’où peut-on aller avec du grindcore, ce genre hyper rapide distillant les éléments les plus cacophoniques du punk? C’est la question, ou plutôt le défi, que semble poser le quintette américain Full of Hell. Coagulated Bliss mène le jeune groupe dans des eaux un peu plus obliques et angoissantes qu’à l’habitude, sans nécessairement proposer du neuf.
Priorisant toujours les courtes explosions d’énergie, le groupe réussit à nous faire entendre des étincelles d’expérimentations dans son nouvel album, énième ajout à une discographie déjà très dense. À travers Coagulated Bliss, on parcourt un champ esthétique labouré de math rock, noise, industriel, expérimentations électroniques ou doom vaseux avec saxophone.
Évocations plus que réelles escapades, Full of Hell passe très rapidement d’une influence à une autre et démontre bien sa connaissance du spectre de la musique extrême underground. En ce sens, le groupe pousse son grindcore aux marges sans en déroger. Il faut dire qu’avec une moyenne de une minute et demie par morceaux, il y a peu de marge de manœuvre pour élaborer en longueur de nouvelles idées. Ce type d’expérimentation, Full of Hell le garde pour ses nombreuses collaborations avec d’autres artistes.
Car en fin de compte, c’est bien cette férocité aussi destructrice que fugace qui attire chez Full of Hell. Et l’engouement pour le groupe justifie entièrement la fréquence à laquelle l’entité accouche d’albums d’à peine 20 minutes. En cherchant trop loin la subtilité dans Coagulated Bliss, on risque de passer complètement à côté de l’exutoire offert.