Ces deux joueurs d’instruments en forme de poire à cordes pincées présentent d’excellentes références. Le compositeur et joueur de oud Issam Rafea était le chef principal de l’Orchestre National Syrien, aujourd’hui disparu (oui, celui de la chanson White Flag de Gorillaz) et le joueur professionnel de pipa Gao Hong, après avoir suivi une formation auprès d’un grand maître à Beijing, n’a pas cessé depuis l’âge de 12 ans de recevoir prix, récompenses et distinctions académiques (il est aujourd’hui installé au Minnesota).
Tous deux sont des collaborateurs boulimiques, il n’est donc pas surprenant qu’après s’être croisés une première fois, ils aient été tentés d’explorer les points communs et les dissemblances de leurs instruments, l’un et l’autre étant apparentés au luth. Leur premier album en duo, Life As Is, est sorti en 2018, et leur deuxième vient de de paraître.
Avec la pièce-titre en ouverture, on a l’impression d’avoir affaire à un échange diplomatique sino-syrien poli, perception que Moving Forward et Joyful Dance ne permettent pas de dissiper. Ailleurs, cependant, les conversations entre eux – entièrement improvisées et construites par libre association d’idées – semblent se dérouler en territoire autre (il y a quelque chose de plutôt Renaissance dans Reunion) ou même sur une autre planète (avec l’imitation des mécanismes martiens sur Outer Space et Robot).
En tout cas, les échanges du duo se font le plus souvent dans une langue qui leur est propre, spacieuse, expressive et convaincante. Agréable, à la fois neutre et ouverte, la prise de son de l’enregistrement en direct permet d’apprécier la dynamique, les timbres et surtout les possibilités percussives de leurs instruments, que Hong et Rafea exploitent avec enthousiasme.