L’impact du silence de François Bourassa est une invitation à la méditation. Les notes éparses fabriquent des atmosphères évanescentes, teintées d’harmonies qui jouent avec l’atonalisme. C’est à travers la pudeur de son jeu et de ses improvisations, sans élans intempestifs, que Bourassa réussit à créer cet impact dont parle le titre, celui du silence, ou du presque silence, que l’on pourrait aussi associer au non-dit. L’expression sonore se fait tout en subtilité, en sous-entendus et en astucieuses suggestions sensorielles, que l’on soit dans l’introspection zen ou l’énergie éruptive. Ici, Bourassa démontre son unicité dans le panorama du piano contemporain canadien, cette géniale intuition qui lui permet de synthétiser une sorte de croisement entre Webern et Debussy, revisités par Bley et Mehldau. La pandémie nous a imposé, dans certains cas, un silence lourd et aliénant. Réalisé et enregistré en pleine crise de la COVID, Bourassa a réussi une nourrissante, souvent apaisante transcendance du malheur, exorcisant par le fait même un pan entier de notre expérience collective, et irradiant son impact par la création de sens et de beauté. Superbe!
L’album sera disponible en ligne à compter du 16 avril. Dici là, un lien d’écoute.