Au milieu des années 90, la scène death metal québécoise se portait assez bien merci. En plus de quelques véritables success stories (Gorguts, Cryptopsy, Kataklysm), une panoplie de bands moins connus détruisaient les tympans dans des petites salles, de Montréal jusqu’à Rimouski. Parmi ceux-ci, November Grief, un groupe montréalais exclusivement féminin qui a fait paraître deux démos en 1994 et 1995.
Exception dans un genre musical souvent perçu (de l’extérieur, du moins) comme machiste, l’intérêt que suscite l’exhumation de ces documents ne peut cependant se réduire qu’à cette signifiante particularité. Si le label italien F.O.A.D. a réédité en format vinyle ces enregistrements, c’est avant tout parce qu’ils frappent fort, là où ça fait mal. Le death metal ici est putride, cru, primitif et crasseux, débordant parfois vers le grind, le doom ou le hardcore crust et passant de l’ultra lent au méga rapide. Ça sent la grosse bite de hasch et la bière bon marché. C’est fuck off tout’ ! et évidemment, c’est lourd et relourd. Ironiquement, certains passages sont extrêmement accrocheurs, même si le quidam à la recherche de death metal plus mélodique n’y trouvera pas son compte. Ces filles ne cherchaient pas à racoler, mais à fesser pour détruire et à garrocher leurs préoccupations au sujet de l’écologie, du cannabis ou de la droite religieuse, entre autres.
L’approche est similaire sur les deux enregistrements, mais le second offre une meilleure qualité sonore et témoigne d’un peu plus de raffinement. Une bien bonne idée que celle de rendre disponible ce morceau de notre patrimoine métalloïde.