Etran de L’Aïr est un collectif constitué de frères et de cousins passionnés par ce blues-rock du désert dont Agadez, la ville plus importante dans la partie septentrionale du Niger, est le lieu central. Au fil du temps, Etran de l’Aïr a raffiné sa proposition, amélioré son exécution, actualisé son instrumentation et métissé sa musique considérée aujourd’hui comme panafricaine. Voilà un hommage bien senti à Agadez où évolue cette fratrie de bardes touaregs sédentarisés à Agadez depuis le 18e siècle, plus précisément dans le quartier d’Abalane qui jouxte la grande mosquée de la ville. À l’origine une musique de transe fondée sur des rythmes binaires typiques du Sahara (takamba, etc.) et des gammes pentatoniques à l’origine du blues afro-américain, Etran de l’Aïr confère un esprit rock à ces grooves hypnotiques sous la gouverne du chanteur et musicien Moussa « Abindi » Ibra. On considère le style d’Agadez comme le plus rapide et le plus nerveux du désert, les guitares y sont frénétiquement grattées, les percussions plus virilement martelées. À ces caractéristiques, Etran de l’Aïr greffe des éléments stylistiques de l’Afrique de l’Ouest, qu’on pratique au Mali, au Sénégal, en Côte d’Ivoire ou en Guinée, sans compter le soukouss congolais, issu d’Afrique centrale. Exemples? Tchingolene (tradition) évoque le nomadisme, Toubouk Ine Chihoussay signifie La fleur de la beauté, Imouwizla (Migrants) rappelle le circuit des Africains en route vers le nord pour les raisons que l’on sait. Les guitares hurlent, la caravane passe…
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