Touman est un album en symbiose avec ses racines culturelles mandingues, particulièrement celles du Burkina Faso. Konaté est Burkinabé et, bien qu’il se soit posé à Montréal depuis peu, ce Touman dans lequel il a mis toute sa science approfondie du jeu des percussions est un plongeon au cœur des traditions populaires locales qu’il nous invite à faire avec lui. Exception faite de la guitare électrique de Seydou Koita, tout est rigoureusement acoustique et typique du terroir : balafon, n’goni et flûte traditionnelle, mais surtout percussions virevoltantes (djembe, dundunba, sangban, kenkeni) et expertement manipulées par Konaté et ses amis. Polyrythmies riches et insistantes, parfois accompagnées des instruments mélodiques ci-haut nommés et de chants traditionnels, le tout invitant au rituel d’initiation ou à la fête communautaire imbibée d’une aura de transe symbiotique. On est là, sur les lieux mêmes qui servent de terreau culturel profond à Konaté. Un terreau encore tout près de son cœur, à un ou deux battements près, malgré le fait que ce grand voyageur a vécu peut-être plus souvent ailleurs que dans son nid culturel. L’enregistrement est en totale adéquation avec l’esprit de cette musique : prise de son directe, hyper naturelle, sans réverbération ajoutée, sans effets pop. Même s’il a été capté en studio burkinabé, Touman est un album à l’esthétique technique et musicale ‘’Ocora’’ (label d’enregistrements world en lieux naturels). C’est en fait, du ‘’contre-Putumayo’’. Rien que du vrai de vrai, sauf peut-être la pièce Unité africaine, seule incursion en zone radio-friendly commerciale.
Lisez l’entrevue de mon collègue Varun Swarup avec Dramane Konaté, ici-même sur Pan M 360