Tellier nous revient avec un sixième album studio, le premier depuis 2014. Dans l’intervalle, il n’a pas chômé : trois bandes sonores en plus du projet Mind Gamers avec John Carroll Kirby (Blood Orange, Cypress Hill) et Dan Stricker (Midnight Juggernauts), qui ont également collaboré à l’album. Et surtout, deux enfants, d’où le thème de ce nouvel opus.
Les effluves tropicaux de L’Aventura prennent ici la forme, autrement plus triviale, du pastel… des gants à vaisselle. Or, loin d’être terne ou suffocant, le portrait que brosse Tellier de la quotidienneté a tout d’une célébration, où l’amour prend le pas sur la monotonie.
Le ton grave des premières mesures d’A ballet, ouvrant l’album, ne doit pas tromper. On y retrouve sans attendre sa voix de dandy à fleur de peau, cette fois enveloppée d’autotune, comme sur tout l’album. Ne faisant jamais dans la demi-mesure, Tellier saute à pieds joints dans ce procédé, qui sied à sa prestance décalée. Il s’est entouré de jeunes talents des scènes électro et hip-hop. Au matriçage, on retrouve nul autre que Nk.F, qui a travaillé avec nombre de rappers français, dont PNL.
L’album commence sur les chapeaux de roues pour présenter quelques pièces plus intimistes, dont la poignante Oui, la seule en français. On y flirte avec l’électro-funk, avec des basses toujours bien présentes, de même qu’avec la touche inimitable de Tellier. Entre les morceaux groovy et intimes, tous d’un kitsch assumé, l’ensemble fournit des pièces complexes et complètes. Comme la vie qu’il nous dépeint : domestique, domestiquée, sans complexe et non sans folie.
Tellier dispose ici son grain de folie caractéristique avec une tendresse palpable, travaillant avec grand talent à chanter sa vie et à réenchanter les nôtres.