Nathan Bogert, Michael Shults, Nick Zoulek et Drew Whiting sont les quatre membres de Coalescent Quartet, un quatuor de saxophones basé au Wisconsin.
The Wall Between Us nous offre l’occasion de parcourir cinq univers musicaux post-minimalistes construits par autant de compositeurs d’aujourd’hui. Unrelenting Universe de Zack Browning porte bien son titre, bouillonnant d’énergie pulsative. Cela dit, Browning y intègre de nombreuses influences extra-musicales comme le feng shui et l’astrologie, mais aussi des clins d’oeil musicaux à divers éléments signifiants associés à des ‘’John’’ : le plainchant avec le personnage de Saint-Jean, le folk avec la chanson traditionnelle John Henry, et le jazz avec des références à John Coltrane. Tout cela est imbriqué fort habilement, et résulte en une aventure sonore assez courte, mais excitante, de moins de six minutes. On aime beaucoup.
Suit un bona fide Quatuor pour saxophones en sept mouvements de Evan Williams. Ici encore, l’éclectisme post-moderne qualifie l’essentiel du langage et des outils utilisés par le compositeur pour construire son édifice. Des extravagances sonores ligetiennes au groove minimaliste en passant par le Néo-Romantisme, Williams utilise une large palette d’effets et de manières architecturales et expressives pour offrir une œuvre polythéiste attrayante et stimulante, souvent propulsive.
Distance Can’t Keep Us Two Apart de Chen Yi s’inspire d’un poème issu de la dynastie Tang (du 7e au 10e siècle) et a été à l’origine écrite pour chœur. Elle est ici présentée dans un arrangement pour quatuor de saxophones par le compositeur lui-même. La nature chantante de la musique est transmise dans l’arrangement, profitant des capacités lyriques et ondoyantes des saxophones. Une très jolie pièce, calme et introspective.
Mending Time de Martin Bresnick fait référence au poème Mending Wall de Robert Frost. Dans ce poème, Frost évoque le rôle des murs comme séparation et protection, mais aussi d’espace de rencontre entre deux mondes, quand on y insère des trouées de passage. Un lieu où, ironiquement, on pourrait s’adresser la parole. Allégoriquement, Mending Time est un espace temporel de rencontre. La musique y oscille entre pulsation et atmosphères sardoniques, entre affirmation convaincante et retenue teintée de mystère. Quatre mouvements, quatre caractères disparates, comme autant d’altérités qui ne font que se croiser.
L’Irlandaise Emma O’Halloran termine le programme avec Night Music, pièce évocatrice, selon la compositrice, des plages de Miami et de la musique pop cubaine qu’on y entend, un endroit qu’elle a connu pendant un temps. Les nuits de Miami n’étant pas celles d’un village tranquille en bordure de forêt, la musique est agitée de répétitions rythmiques qui évoqueront aux esprits imaginatifs quelque prestation de la grande époque de Miami Sound Machine, version post-minimalisme.
Un très bel échantillon de la musique post-minimaliste contemporaine pour saxophones.