Non seulement une fusion musicale, mais aussi une fusion de musiciens disparates (prenez des membres du Souljazz Orchestra, de l’Atlantis Jazz Ensemble et de l’Orchestre symphonique d’Ottawa et mettez-les dans un studio), Cinephonic doit à lui seul faire remonter la cote de coolitude d’Ottawa par un facteur dix. Visions est le résultat du regard bienveillant de Pierre Chrétien, compositeur et multi-instrumentiste ottavien, sur tout un lot de styles musicaux, de la soul au classique en passant par le funk, le rock, la musique de films et le hip hop.
Cet opus chamoiré d’ambiances sexy est une sorte d’irrésistible tableau Funk baroque, avec moult soul et des arrières plans morriconesques mettant en scène quelques personnages médiévalo-dandy.
Ici le Dies Irae grégorien est évoqué avec un beat de promenade sexy, ailleurs, une guitare Sergio Leonienne nous invite à se la jouer urban une fois dans l’Ouest. Puis quelques lignes hymniques aux cuivres insufflent une grandeur d’âme baroque évoquant quelque héros du six-coups qui aurait troqué les bottes pour des Converse.
Ça suinte la nostalgie remise avantageusement au goût du jour. En cette époque ou le hip hop est roi des ondes, le néoclassique redonne ses lettres de noblesses à la musique instru et l’héritage d’Ennio Morricone et de la musique de films en général est célébré, Cinephonic fait office de catalyseur d’une esthétique qui accompagne notre quotidien de façon aussi agréable que contemporaine.