Je peux affirmer en toute confiance que Brat de Charli XCX fut l’album de l’été 2024 pour les mélomanes et les internautes. Bien que Charli fût une illustration parfaite de la party-pop girl depuis le début de sa carrière, criant des choses comme « I don’t care, I love it » pendant plus d’une décennie, sa pop expérimentale a finalement atteint une base de fans relativement restreinte jusqu’à présent. Alors qu’est-ce qui, dans Brat, par rapport à ses précédents travaux, provoque une telle hystérie parmi les foules ?
Une grande partie du succès de Brat réside dans cette nouvelle réalité: de plus en plus de gens commencent à « comprendre » l’hyperpop. Ce sous-genre euphorique, traité à outrance et à grande vitesse, a pu sembler un peu vulgaire et ennuyeux aux débuts de PC Music et d’Hannah Diamond, et n’avait été apprécié que par peu de gens. Mais avec nos capacités d’attention de plus en plus réduites et notre recherche constante de dopamine, ce sont ces chansons synthétiques, courtes et accrocheuses, gratinées à l’autotune et à la quantification excessive, généralement dans cette tonalité majeure. Voilà autant de facteurs pour lesquels les gens deviennent de plus en plus accros.
Des chansons comme 360, Apple et Talk Talk usent de rythmes simples et de mélodies très basiques, mais les paroles très conversationnelles, mélangées à des références à la culture pop comme dans I’m so Julia, génèrent quelque chose de tellement accrocheur et agréable pour le cerveau qu’on ne peut s’empêcher de l’aimer… même si on le déteste un peu.
Oui, j’ai trouvé que cet album n’était pas aussi innovant que des albums comme How I’m Feeling Now ou Pop 2, il y a des chansons qui m’ont vraiment émue. Everything is Romantic ne ressemble à rien de ce que j’ai pu entendre auparavant, avec des cordes tourbillonnantes, des paroles bizarres et un break techno clairsemé ; Club Classics, coproduit par A.G. Cook et George Daniel, est un autre de mes préférés. La basse, le chant et le synthé semblent tous avoir des tonalités légèrement différentes, mais ils fonctionnent d’une manière évocatrice et magnifique.
Il serait négligent de ne pas mentionner le marketing et le déploiement sans faille de cet album. De la création d’un Instagram séparé appelé « 360_brat » plus d’un an avant la sortie de l’album à la peinture d’un mur en vert à New York, l’anticipation du phénomène et le buzz autour de Brat ont été inégalés ; c’est l’album qui ne cesse de donner et de rapporter. Avec un flux constant de remixes, avec des artistes comme Addison Rae, Lorde et Billie Eilish, de nouveaux fans ne cessent d’apparaître et les auditeurs se plongent plus profondément dans l’histoire des chansons et les relations entre les artistes qui les chantent.
Bien que Brat ne soit pas la tasse de thé de tout le monde, il illustre brillamment le pouvoir d’Internet et d’un marketing efficace. Même s’il ne s’agit pas de mon album préféré, j’attends toujours avec impatience son prochain mouvement : qui sera sur le prochain remix, à quoi ressemblera le prochain clip vidéo, comment puis-je atteindre ce niveau de cool sans effort ?