Pierre Lapointe n’en est pas à sa première ritournelle du temps des Fêtes : il avait composé, écrit et chanté l’intemporelle Noël sans pluie au profit de l’organisme Jeunes musiciens du monde, il y a quinze ans déjà. Cette fois-ci, Pierre prend la Nativité à bras-le-corps en nous vissant dans l’ouïe un recueil de onze pièces originales intitulé Chansons hivernales.
Il amorce les festivités un brin caustiquement avec Chaque année on y revient. La chorale dite des « Sour Pussies » (!) saupoudre de sucre en poudre vocal cet air composé par Julien Chiasson, alias Julyan, frangin d’Hubert Lenoir. Rebelote les Sour Pussies sur Ce qu’on sait déjà, avec en prime des ornements réjouissants de saxo, trombone, trompette, violon et thérémine. Des arrangements d’Owen Pallett, exécutés par le FAME’S Macedonian Symphonic Orchestra de Skopje rehaussent l’aznavourienne Le premier Noël de Jules. Owen et les Macédoniens remettent ça sur Six heures d’avion nous séparent (en duo avec le planétaire ménestrel Mika), L’oiseau rare, Un Noël perdu dans Paris et Ça va, j’ai donné.
On constate donc qu’il neige des collaborateurs de marque sur Chansons hivernales. Parmi les p’tits chanteurs de la chorale susmentionnée se trouvent les indés Yuki Berthiaume-Tremblay, de Jesuslesfilles, et Dominic Berthiaume, de Corridor. Le jeune loup en forte progression Félix Dyotte a écrit et composé Toutes les couleurs avec Pierre et, parlant de loup, la savoureuse mi-créole, mi-française Noël Lougawou provient des cerveaux musicaux conjoints de Mélissa Laveaux et de Pierre Lapointe. Emmanuel Éthier, réalisateur de l’heure en pop québécoise, occupait le siège du capitaine.
Chansons hivernales prend fin sur l’intimiste Maman, Papa qui nous rappelle fortement Maman, chanson cachée de l’album homonyme paru en 2004. Ainsi va Pierre Lapointe, auteur-compositeur-interprète gigantesquement talentueux de chez nous, créateur d’une œuvre qui fleurit entre la douceur et la douleur.