Colorfield Records inaugure l’année 2023 en beauté avec une autre sortie éclectique, cette fois-ci du guitariste/compositeur brad allen williams. Connu pour son travail avec les chanteurs Bilal et Brittainy Howard, ainsi qu’au sein du groupe Kinfolk de Nate Smith, œconomy permet à brad allen williams de s’affirmer en tant qu’artiste indépendant.
L’impulsion de l’album vient de l’engagement de williams à mener la musique de guitare vers de nouveaux horizons, un objectif ambitieux alors que le potentiel de l’instrument semble avoir été épuisé. williams utilise alors l’absence d’originalité de la guitare comme point de référence pour réaliser une sorte d’œuvre postmoderne qui se délecte de l’intertextualité, de l’allusion et de l’amusement. Selon les propres mots de Williams, « l’évitement conscient de tout le bagage culturel accumulé par la guitare électrique est parfois un réflexe, et je me suis retrouvé à en faire beaucoup pendant la réalisation de cet album ». La résultante est un album qui s’aventure sur des terrains vraiment sauvages, mais ce qui fait la cohésion de ce travail, c’est l’amour de Williams pour l’héroïsme de la guitare et son talent pour l’expérimentation.
œconomy a été composé en studio, et bien que ce soit peut-être mon biais rétrospectif qui parle, les compositions ici se sentent convenablement fraîches, avec un véritable esprit d’improvisation et d’exploration qui parcourt les courants néoclassique, électronique, psychédélique, bossa, exotica et jazz. Mark Giuliana, en grande forme comme toujours, apporte une large gamme dynamique à la batterie sur laquelle il figure. Les arrangements de cordes luxuriants que Williams a lui-même composés sont particulièrement charmants, et la production de Pete Min est nette, propre et bien équilibrée compte tenu de tous les éléments présents. Bien que l’esthétique d’œconomy puisse donner un air d’ésotérisme capiteux, les paysages sonores sont suffisamment accessibles avec des moments de défi qui rendent l’écoute gratifiante et fascinante.