Attribuer le qualificatif « prolifique » à Boris relève de la tautologie depuis déjà un sacré bout de temps. Si le compte est bon, W serait le 27e album studio de ces explorateurs du pays où naît le soleil. À ce total s’ajoute une quinzaine d’albums collaboratifs. L’époque de ses grands lancers pionniers a beau être révolue, le trio désormais trentenaire ne se contente pas pour autant d’enfoncer des portes ouvertes. En ce sens, Wata (chant, guitares, claviers, accordéon et autres boîtes à surprises), Atsuo (batterie et percussions, appareillages électroniques et chant) et Takeshi (basse, guitares et chant) nous font redécouvrir des coins de pays que nous tenions pour acquis. Dans I Want to Go to the Side Where You Can Touch, on flotte dans une troposphère supersonique où se répète un motif qui ressemble beaucoup à la fin de l’intro de In the Evening, du Défunt Dirigeable. Icelina et Invitation entrent dans la catégorie dream-blues-shoegaze pour tous; on ne sait trop ce que Wata nous chante, mais c’est envoûtant. S’il existe un lien entre la bruitiste Drowning by Numbers et le film homonyme de Peter Greenaway, on ne l’a pas encore découvert. The Fallen, Beyond Good and Evil et Old Projector servent à nous rappeler que les Boris fabriquent aussi du post-rock tendance néo-doom. You Will Know (Ohayo Version) correspond pas mal à la définition qu’un musicophile peut se faire du drone-métal. Puis, les riffs ferrugineux de Jozan closent l’album en beauté, on a eu notre dose de Boris jusqu’à la prochaine parution, dans quelques mois.
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