Voici un bel album de jazz européen. Avec son raffinement, son mélange des genres et son côté jazz de chambre.
Les Égarés réunit deux duos de musiciens habitués à travailler ensemble: Vincent Segal au violoncelle et Ballaké Sissoko à la kora; Emile Parisien au saxophone soprano et Vincent Peirani aux accordéons.
Et les deux paires devenues quatuor s’entendent comme larrons en foire. Bien que chacun dispose de ses moments d’improvisation, nous sommes davantage ici dans la complémentarité harmonique que dans les combats de coqs.
Et tout cela coule comme un ruisseau printanier libéré des glaces. Le courant passe, c’est clair… comme de l’eau de roche.
Le saxophone soprano d’Émile Parisien, un émule de Sydney Béchet, est si fluide qu’on croit parfois presque entendre une flûte. La kora de Ballaké Sissoko sonne parfois comme une guitare. Nous avons ici affaire à des musiciens qui connaissent tout le potentiel de leur instrument, tant dans la douceur que la virtuosité.
Le parti pris est résolument en faveur d’un jazz de chambre avec une ouverture aux influences mélodiques de la planète. Vous ne trouverez pas vraiment ici de free jazz ou autres dissonances contemporaines. Mais vous entendrez des arrangements infiniment riches, qui se complexifient au fil des écoutes.
La plupart des pièces sont des compositions originales à part Orient Express de Joe Zawinul (Wheather Report) et Ezperanza de l’accordéoniste Marc Peronne.
Cet album est un pur bonheur introspectif. Ces Égarés sont très inspirés.