Cinq ans après qu’il se soit envolé vers son étoile noire, on ne finit toujours pas de prendre la mesure de l’immense legs que nous a laissé David Bowie. Caméléon du rock doté d’une culture impressionnante, le Thin White Duke pigeait des idées dans les milieux les plus avant-gardistes afin de les incorporer à son art qui a bouleversé les codes de la musique pop. Afin des célébrer l’artiste capital qu’il fut, le label britannique BBE a fait appel à des musiciens provenant des horizons les plus divers pour concevoir Modern Love, un album hommage à la fois étonnant et éclectique. L’intention derrière le projet était tout d’abord de souligner les liens qui unissaient le corpus de Bowie aux musiques dite Noires (funk, soul, jazz, R&B, gospel), mais dans les faits, on ratisse pas mal plus large.
À l’affiche, quelques noms relativement connus et plusieurs artistes qui évoluent plus loin des projecteurs. C’est ainsi que des figures bien établies telles Meshell Ndegeocello, Khruangbin ou Jeff Parker côtoient Bullion, The Hics ou Foxtrott. Derrière ce dernier nom se cache d’ailleurs une musicienne bien de chez nous puisque ce pseudonyme est utilisé par la montréalaise Marie-Hélène Delorme qui nous livre une réinvention électro mutante réussie de Chant of the Ever Circling Skeletal Family qui figurait initialement sur l’album Diamond Dogs. Cette reprise fort inventive ne détonne pas de l’ensemble puisque sans exception, tous les créateurs convoqués se sont réapproprié les pièces de David Robert Jones en les métamorphosant de façon souvent surprenante. Parmi toutes ces relectures, se distinguent particulièrement une version à saveur rock anatolienne de Lady Grinning Soul par le duo Kit Sebastian, un rebrassage jazz de la célèbre Heroes rendue méconnaissable par les soins de Matthew Tavares de Badbadnotgood et une sidérante remouture tropicalia de Panic in Detroit signée par le chanteur brésilien Sessa. Que du bon!