L’émergente autrice-compositrice-interprète montréalaise nous ouvre les portes à un sanctuaire folk légèrement fantasque, où le réel est paradoxal.
Il n’y a rien que je ne suis pas est la nouvelle sortie d’Arielle Soucy, un album bilingue que j’ai eu la chance d’écouter en primeur au Ministère le mois passé. La performance naturelle et légère offerte par l’artiste en septembre était assez pour me donner hâte à ce 20 octobre. Sur l’album, il y a du sérieux et du merveilleux, de l’amical et de l’amoureux.
Ce qu’on remarque tout de suite est le talent d’Arielle Soucy pour dénicher des compositions qui paraissent nouvelles à l’oreille. Les mélodies montent et descendent en escalier sur Promenade. Ailleurs, des cadences de mots ne rentrent pas tout à fait dans leur case rythmique. On a aussi des harmonies mouvantes à plusieurs parties construites par voie de looping. Sur la chanson Light Grief, ces trois éléments se superposent et donnent un effet étourdissant et magique.
Les textes s’ancrent dans la réalité, avec ses multiples formes et ses contradictions. « Je contiens des multitudes », chante-t-elle sur L’amour des peupliers. Et l’album s’intitule Il n’y a rien que je ne suis pas. Sacrée portée. L’album montre Arielle Soucy qui a déjà fait l’effort d’accepter les paradoxes en elle et de remarquer ce qui peut-être est le mieux caché, c’est-à-dire le normal.
Les tuiles du plancher, les fleurs sur le chemin, le petit chat à ses pieds, les draps qui collent, le verre d’eau que l’autre porte dans sa main… Aucune image n’est trop banale pour celle dont l’écriture porte sur le monotone l’effet d’un prisme. Et on la remercie de cette diligence pour le quotidien, puisque toutes ces choses semblent instantanément infusées d’un poids nouveau.
J’en conclus que cette artiste fait bien exprès de colorier en dépassant les lignes, et que c’est ce qui fait la beauté de son œuvre. Ce n’est pas un travail simple que de donner une impression de spontanéité à ses chansons, et je crois qu’elle y arrive particulièrement bien. Le rendu est magnétique. Le vent d’automne est bon pour le folk keb!