Arca, Vénézuélienne transplantée à Barcelone, a entrepris de multiplier les composition à travers le projet Kick, amorcé publiquement en juin 2020 et dont on a aujourd’hui droit aux deuxième, troisième, quatrième et cinquième volets du même cycle. Il faut donc écouter non pas un, mais quatre nouveaux albums et se faire une tête au terme de longues écoutes.
De son vrai nom Alejandra Ghersi Rodriguez, Arca s’était clairement démarquée avec ses trois premiers albums, lancés de 2014 à 2017 : Xen, Mutant et Arca (homonyme). La façon de faire de ce jeune homme devenu femme trans avait été reçue comme une onde de choc, dans le monde de la production pop, via notamment Björk et FKA Twigs qui l’avaient embauchée pour étoffer leurs propositions. Le choc était parfaitement justifié, car cette artiste réussissait le tour de force d’implanter bruitisme et électroacoustique de pointe dans un contexte de pop culture.
Où en sommes-nous?
Le chapitre II du cycle Kick met d’abord en valeur les racines latino-américaines de l’artiste. Les premiers titres relèvent de la cumbia et du reggaeton électroniques, mais avec une facture typiquement Arca, qui aime jouer avec les filtres de la voix et des ambiances, de plus en plus tourmentées à partir de Luna Llena (la pleine lune), excellente chanson pop couchée sur un beat cumbia électro. On se trouve ensuite dans des bouillons improbables de voix normales ou accélérées (frôlant le chipmunk), sur des rythmes plus hip-hop qui s’arrêtent parfois au profit d’expériences électroacoustique hybridées avec des éléments pop. La chanteuse australienne Sia figure d’ailleurs sur l’avant-dernier titre, Born Yesterday, la plus conservatrice des pièces au programme.