Récipiendaire du Félix Artiste autochtone de l’année 2021, Kiki Harper, alias Anachnid, roule sa bosse sur la scène de la pop-trap hors norme depuis cinq ou six ans. Trois ans après son album à forte tendance RnB Dreamwaever, la chanteuse et beatmakeuse Oji-crie bilingue est de retour avec un EP instrumental astral et riche. Fait de trois pièces mystiques et mystérieuses, Freak of Nature est la bande sonore d’un film imaginaire qui doit bien raconter l’histoire d’un.e protagoniste en quête de soi passant par tout une gamme d’émotions. Cette saga parle de danger, de karma, de magie et de réappropriation de son pouvoir.
Il s’agit d’une nouvelle direction pour la disciple de l’araignée, qui se définit depuis les débuts de son projet comme une musicienne autochtone ancrée dans l’environnement urbain — elle est basée à Montréal. Même si le thème de la nature se taillait une place sur Dreamweaver, ses beats trap et sa façon d’alterner chant et rap avaient jusqu’ici articulé un point de vue unique sur la relation entre identité autochtone et urbanité. Ici, le trap laisse la place à des rythmes électro angoissants, comme sur Warrior Woman, et un ambient dense, fait de synthétiseurs fiévreux et de percussions inventives (War). Ajoutez glockenspiel, corne et piano et vous voilà pris dans une forêt peu accueillante digne d’un conte pas pour les enfants.
La voix de la jeune femme n’est plus là pour raconter les histoires, mais devient un râle désincarné ou un souffle abstrait, tel le chœur des ancêtres (humains et animaux) avec qui elle dialogue. On attend la suite (un album ?) avec impatience.