Au début du XXe siècle, il était courant pour certains compositeurs de réduire l’instrumentation de leurs œuvres pour grand orchestre afin d’en faciliter, d’un point de vue logistique, l’exécution. Ainsi, des œuvres originellement à grand déploiement pouvaient être entendues dans des salons ou des clubs privés et ce, par des amateurs de musique de tout acabit. Les trois membres de l’École de Vienne (A. Schoenberg, A. Berg et A. Webern) ont eu recours à ce procédé et ont arrangé bon nombre de pièces orchestrales composées par leurs collègues, leurs prédécesseurs ou même tirées de leur propre œuvre.
Écrits durant cette période, l’Adagio de la 10e Symphonie (1910) de Gustav Mahler, la Symphonie de Chambre Op.9 (1906) d’Arnold Schoenberg et Le Chevalier à la rose (1911) de Richard Strauss sont trois chefs-d’œuvre du répertoire standard. Les trois compositeurs sont, toutefois, à différentes étapes de leurs vies respectives : Mahler est à l’article de la mort, Schoenberg au début de sa carrière et Strauss au sommet de son art.
L’Alban Berg Ensemble Wien nous offre ici une interprétation claire, bien ciselée et stylistiquement très recherchée. La perte inhérente de puissance orchestrale est grandement compensée par l’agilité, la virtuosité et la vitesse de réaction de l’ensemble viennois. Une mention spéciale au compositeur Martyn Harry qui a effectué les arrangements du Mahler et du Strauss et su respecter les versions originales, tout en faisant preuve d’une originalité foisonnante.