Le nom signifie « donnant donnant » en ukrainien archaïque, ce qui est curieux compte tenu du caractère sans compromis de la formation. C’est aussi une référence au DAKH, le centre d’art contemporain de Kiev, ville où le groupe est né en 2004. DakhaBrakha est une initiative du metteur en scène de théâtre d’avant-garde Vladyslav Troitskyi, qui en demeure l’éminence grise. La théâtralité du groupe va bien au-delà de ses costumes et de ses spectacles, elle en façonne la musique même, une mouture brechtienne du cabaret folk-punk slave de Gogol Bordello, avec le Mystère des Voix Bulgares en version simplifiée.
Leurs airs villageois remaniés, provenant des diverses régions ukrainiennes, et leurs ingénieuses compositions originales vont des complaintes progressives et douloureuses (Sonnet et l’obsédante pièce-titre) à l’entraînante Lado en passant par le chaos cartoonesque de l’explosive Vynnaya ya. L’accordéon, le violoncelle et la grosse caisse sont les éléments de base de l’instrumentation entièrement acoustique du quatuor, bien que ses musiciens emploient aussi toutes sortes d’autres instruments du cru ou d’ailleurs. Le trio vocal féminin à l’avant-plan plan, soutenu dynamiquement par des voix masculines bourrues, est sans doute le plus bel atout du groupe. Il n’y a pas qu’un brin de lascivité dans tout cela. Comme elles le chantent gaiment dans le torride Torokh : « Et nous, les jeunes filles célibataires, nous nous amusons ».