Turning Jewels Into Water : «Our Reflection Adorned by Newly Formed Stars»
par Rupert Bottenberg
Les percussionnistes brooklynois Ravish Momin et Val Jeanty, le duo qui forme Turning Jewels Into Water, sont en train d’élaborer leur propre langage supranational avec batterie et électronique. Sous ce nom, qui est un anagramme des leurs, les deux musiciens et leurs invités transmutent leur flux d’ondes sonores en joyaux brillants (dont les bords sont parfois tranchants) réunis sur leur prochain album Our Reflection Adorned by Newly Formed Stars dont la sortie est prévue pour la fin août. Voici la vidéo de la chanson-titre et premier extrait, pour laquelle le réalisateur Art Jones a transformé les images en fragments déchiquetés et scintillants, créant un séduisant mélange de couleurs et de corps en mouvement.
Encore quelques jours pour profiter du volet cinéma du festival Suoni Per Il Popolo présenté conjointement avec le Cinéma Moderne. La programmation recèle quelques beaux morceaux, à commencer par le documentaire réalisé sur le saxophoniste et compositeur Ornette Coleman en 1985 par la cinéaste Shirley Clarke, Ornette : Made in America.
On se souviendra que madame Clarke – l’une des rares réalisatrices à cette époque – avait lancé son premier long-métrage, The Connection, en 1961. Il s’agissait de l’adaptation d’une pièce de théâtre portant sur une bande de musiciens de jazz accros à l’héro qui, comme dans la célèbre pièce du Velvet Underground I’m Waiting for the Man, attendent la visite de leur revendeur. La bande sonore, signée par le pianiste Freddie Redd dans la tradition du bop en vogue à ce moment, mettait notamment en vedette le saxo alto Jackie McLean. Si ce film est son plus connu, c’est que la plupart des autres qu’elle a tournés par la suite ont eu toutes sortes de démêlés avec la censure aux États-Unis. Ornette : Made in America constitue sa dernière production cinématographique.
Ce portrait du père de l’harmolodique forme une mosaïque complexe composée d’images d’archives, de séquences de fiction, de concerts devant public et d’entretiens. Parmi les personnes interrogées signalons la présence des musiciens Don Cherry et Charlie Haden, qui ont longtemps fait partie du groupe de Coleman, ainsi que celle du compositeur et chef d’orchestre George Russell, des auteurs William Burroughs et Brion Gysin, et même de l’architecte, designer et théoricien Buckminster Fuller.
Précédé d’un court métrage sur le saxo de free jazz Marion Brown tourné en 1967.
Autre programme à signaler, une rétrospective des courts métrages du cinéaste Karl Lemieux. À seize de ses courts métrage expérimentaux – dont le plus ancien, avec musique de Lee Ranaldo, remonte à 1998 – s’ajoutent des extraits de performances multiprojections : avec Jerusalem In My Heart au Suoni Per Il Popolo en 2007, Godspeed You ! Black Emperor au Bataclan de Paris en 2015, BJ Nilssen au 25 FPS International Experimental Film and Video Festival de Zagreb en 2017, et Philip Jeck et Michaela Grill au Foundation for Art and Technology de Liverpool en 2017.
À noter également, dans un programme regroupant divers portraits et documentaires, on retrouve le film Pauline Julien, intime et politique, que la cinéaste Pascale Ferland a consacré à l’égérie du mouvement indépendantiste en 2018, sauf que ce film, comme la plupart de ceux provenant de l’ONF – sauf erreur – sont visionnables en tout temps et gratuitement sur le site de l’Office.
Dans quelques semaines, le trio texan Khruangbin lancera son nouvel album, le très attendu Mordechai. Pour nous aider à patienter, le groupe vient de sortir une vidéo du savoureux morceau Pelota, un voyage extracorporel dans une dimension d’énigmes géométriques animé par le Glassworks Creative Studio. « Un groupe texan au nom thaïlandais qui chante une chanson en espagnol, vaguement inspirée d’un film japonais », voilà comment Khruangbin présente cette chanson. Quant à la vidéo, nous citerons les paroles telles que chantées par la bassiste Laura Lee, « perdido en una casa surreal » (perdu dans une maison très étrange).
Guitariste dans l’excellent groupe de post-rock montréalais Milanku, François Lemieux peut grâce à l’isolement se consacrer à un nouveau projet solo : Solipsisme. Également artiste visuel, il illustre lui-même son dernier titre d’ambient expérimental Outrage à la morale publique, paru sur la compilation drone Memories of a Lost City du label indépendant japonais Tokyo Jupiter Records, dont toutes les recettes seront remises à Médecins Sans Frontières. Il y propose une remise en question de l’existence à travers un jeu de miroirs en noir et blanc d’extraits poétiques du Triadisches Ballet d’Oskar Schlemmer, créant une danse gracieuse de formes géométriques qui éveillent notre sixième sens. Tel un test projectif de psychologie, la vidéo nous invite à observer les pensées que notre imagination peut parfois laisser échapper du subconscient. La musique qui l’accompagne est d’une esthétique profondément mélancolique, soignée, délicate et intrinsèquement lumineuse.
Retorunose est un duo japonais formé de la saxophoniste Ruby Nakamura et du batteur #STDRUMS qui vient de sortir un EP éponyme chargé de deux pièces de jazz-punk sismique de dix minutes. D’autres pièces de leur séance à l’espace artistique indé Zengyo Z ont été captés par le réalisateur vidéo Taro Maruyama – voir ci-dessous. Filmé sous tous les angles, le duo se démène dans une unité d’entreposage en béton/skate park miniature dont toutes les surfaces portent la trace de l’œuvre fébrile de l’artiste Masato Okano. « C’est la salle de musique de ma ville natale », dit Okano à propos du lieu situé dans la banlieue de Tokyo, à Fujisawa City. « J’ai peint mes monstres avec les noms de tous les groupes de mes amis sur les murs. Mon image de l’art vient toujours de la musique ».
Nous avons récemment annoncé la sortie de Sugungga, l’impressionnant premier album de LeeNalchi de Séoul. Le groupe a redonné vie à la tradition du conte musical à l’ancienne du panori en y injectant une bonne dose d’attitude avant-gardiste et de branchitude post-punk. Il vient de lancer la vidéo de l’un des morceaux les plus légers de l’album, Tiger’s Third Leg, qui met en vedette le jeu de jambes de la troupe de danse contemporaine sud-coréenne Ambiguous Dance Company. Attrapez ce tigre par la queue ci-dessous.
Le sujet explosif de la violence policière à l’endroit des Afro-Américains est abordé par Killer Mike et El-P depuis les premières offrandes de Run the Jewels. Parmi les classiques du genre, voici Close Your Eyes (And Count To F**k) avec Zack de la Rocha, renommé tribun rap-rock de l’opposition progressiste aux USA.
Run them jewels fast, run them, run them jewels fast Run them, run them, r-run them, run them, fuck the slow mo
Fashion slave, you protestin’ to get in a fuckin’ look book Everything I scribble’s like The Anarchist Cookbook (Look good, posing in a centerfold of Crook Book) Black on black on black with a ski mask, that is my crook look How you like my stylin’, bruh? Ain’t nobody stylin’, bruh ‘Bout to turn this mothafucka up like Riker’s Island, bruh Where my thuggers and my cripples and my blooders and my brothers? When you niggas gon’ unite and kill the police, mothafuckas? Or take over a jail, give those COs hell The burnin’ of the sulfur, God damn I love the smell Blankets and pillow torchin’, where the fuck the warden? And when you find him, we don’t kill him, we just waterboard him We killin’ ’em for freedom cause they tortured us for boredom And even if some good ones die, fuck it, the Lord’ll sort ’em
We out of order, your honor, you’re out of order This whole court is unimportant, you fuckers are walkin’ corpses I’m a flip wig synonym, livin’ within distortion I’ll bite into a cyanide molar before you whores win I’m a New Yorkian, I fuck for the jump I wear my Yankee so tilted I actually walk with a hunch Look at Mikey, I think he likey, we are sinister sons (Aye, we the type to beat the preacher with a grin and a gun)
Run them jewels fast, run them, run them jewels fast Run them, run them, r-run them, r-run them, run them, r-run them Run them jewels fast, run them, run them jewels fast Run them, run them, r-run them, r-run them, run them, r-run them
A wise man once said, (« We all dead, fuck it ») Just spit it disgusting youngin’, and hold your nuts while you’re gunnin’ I listened, tatted a sentence on my dick last summer Now I’ll never get that phrase off my brain, it’s no wonder I’m here to buy hearts, I got hundreds, honey The cheaper the parts, the better buy for the money I’m trained in vagina whisperin’, glistenin’ Waitin’ for their christenin’, I know the neighbors can’t help but listen in A dirty boy who come down on a side of dissonance I can’t even relax without sirens off in the distances Not shittin’ you, little buddy, this fuckin’ island’s a prison The only solace I have is the act of conjugal visitin’
My solitary condition’s preventin’ conjugal visits Go mane and missin’ my misses, they keepin’ me from my children Conditions create a villain, the villain is givin’ vision The vision becomes a vow to seek vengeance on all the vicious Liars and politicians, profiteers of the prisons The forehead engravers, enslavers of men and women Includin’ members of clergy that rule on you through religion (So strippin’ kids to the nude and then tell ’em God’ll forgive ’em)
Run them jewels fast, run them, run them jewels fast Run them, run them, r-run them, r-run them, run them, r-run them Run them jewels fast, run them, run them jewels fast Run them, run them, r-run them, r-run them, run them, r-run them
It’s De La on the cut, liftin’ 6 on your stitchy crew I’m miles ahead of you, you can sip my bitches brew My battle status is burnin’ mansions from Dallas to Malibu Check my résumé, your residence is residue Call her a skin job and my honey dip’ll backflip for you You playin’, God your eye sockets, she gon’ rip in two We sick of bleedin’ out a trace, spray a victim, you Done dyin’, Phillip AK Dickin’ you With clips in the bottom, we dippin’ from Gotham Yes eclipsed by the shadows, a dark dance to the coffin I’m a fellow with melanin, suspect of a felony Ripped like Rakim Allah, feds is checkin’ my melody Yes aggressively tested we’ll bump stretchers and penalties Dump cases with face and the cop pleas when we seizing a pump With reason to dump on you global grand dragons Still pilin’ fast, plus Afghani toe taggin’ Now they trackin’ me and we bustin’ back, see The only thing that close quicker than our caskets be the factories
Run them jewels fast, run them, run them jewels fast Run them, run them, r-run them, r-run them, run them, r-run them Run them jewels fast, run them, run them jewels fast Run them, run them, r-run them, r-run them, run them, r-run them
Terrace Martin feat. Denzel Curry, Daylyt, Kamasi Washington & G Perico : «Pig Feet»
par Rupert Bottenberg
La pause du Blackout Tuesday est terminée, mais cela ne signifie pas un retour aux divertissements insouciants pour autant. Ce n’est pas le moment. Le temps est plutôt venu d’écouter Terrace Martin, auquel se joint le ténor Kamasi Washington (tous deux ont participé à To Pimp a Butterfly, de Kendrick Lamar en 2015) ainsi que Denzel Curry, Daylyt et G Perico. « Quelqu’un m’a demandé comment je me sens, dit Martin. Je lui ai répondu que j’avais mal mais que j’étais en colère, sans peur, conscient et prêt à me défendre, ainsi que ma famille et mon peuple, à tout prix. Je me suis retrouvé avec des hommes noirs qui ressentaient la même chose que moi et j’ai créé une œuvre de vérité. » Quand la musique s’arrête, prenez le temps de lire les noms qui défilent au générique jusqu’à la fin.
Le chanteur soul de Chicago Face of An Artist sort aujourd’hui sur Vevo un clip sobre pour son tout premier morceau, Fucboii, sorti en mars dernier. La simplicité semble être la meilleure façon pour lui de déclarer un amour honnête et sincère, et assumer sa vulnérabilité. Il arbore la couleur violette de la passion entre des moments d’intimité pour un scénario classique et esthétique, qui laisse la place à son propos.
Bon Enfant dévoile aujourd’hui le vidéoclip Faux pas, troisième extrait de son album homonyme paru à l’automne 2019. Le groupe montréalais a fait appel aux talents de Philippe Beauséjour afin de mettre en image cette chanson aux sonorités un peu rétro 70s, rappelant certains airs ludiques de François De Roubaix. Le réalisateur, Philippe Beauséjour, qu’on a pu apercevoir au sein de la formation I.D.A.L.G., a réussi un ingénieux collage dans lequel des découpures de romans-photos des années 50 et 60, des décors en papier construction et des projections s’animent en stop-motion, créant une étrange histoire peuplée de personnages sans visages.
Native de la ville japonaise d’Osaka, Eve (le plus récent des nombreux noms de scène de cette auteur, compositeur et interprète anonyme) a débuté comme participant de la scène « utaite », une sous-culture de fans amateurs qui reprennent des tubes vocaux (un créneau passablement étroit). Au cours de la dernière décennie, Eve et son groupe sont devenus une véritable machine à succès avec leur pop-funk hyper-léchée, légère mais à haute teneur calorique. Tiré de leur tout nouvel album Smile, le plus récent single s’intitule Inochi no Tabekata, ce qui signifie « comment manger la vie ». Le clip qui l’accompagne résume énergiquement une série d’animation imaginaire grouillant de toutes sortes de lutins urbains. C’est la toute dernière vidéo d’Eve de la série à présenter le travail d’animateurs japonais, en l’occurrence Mariyusa, dont la maison hantée regorge de détails intéressants; vous la trouverez ici.
Si cela n’est pas encore assez précieux pour vous, voici la même chanson, en version boîte à musique mécanique.
Le 7 septembre 2012, le festival de Guelph, en Ontario, présentait une relecture électrifiée et électrisante d’une des œuvres les plus férocement libres de John Coltrane : Ascension.
La version originelle avait été enregistrée en 1965 avec trois saxos ténors (Trane, Pharoah Sanders et Archie Shepp) deux saxos altos (Marion Brown et John Tchicai), deux trompettes (Freddie Hubbard et Dewey Johnson), deux contrebasses (Art Davis et Jimmy Garrison), un piano (McCoy Tyner) et une batterie (Elvin Jones).
Pour la version réactualisée, le ROVA Saxophone Quartet (Bruce Ackley, saxo soprano, Steve Adams, saxo alto, Larry Ochs, Saxo ténor, Jon Raskin, saxo baryton) était flanqué de Nels Cline à la guitare électrique, Fred Frith à la basse électrique, Carla Kihlstedt et Jenny Scheinman au violon, Chris Brown et Ikue Mori à l’électronique, Rob Mazurek au cornet et Hamid Drake à la batterie. Son : Hayward Parrott et Marc Urselli.
Tourné à cinq caméras, ce concert – publié en DVD et Blu-ray par le label français Rogue Art – sera présenté gratuitement sur Vimeo toute la semaine, soit jusqu’au 25 mai inclusivement, à l’occasion du Grand Confinement.
Merci à Michel Dorbon de Rogue Art.
À écouter FORT!
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