garage-punk / garage-rock / rock psychédélique

SAMWOY – Poison

par Stephan Boissonneault

SAMWOY n’a pas chômé depuis la sortie de son premier album Awkward Party l’été dernier, se mettant brièvement en rémission pour travailler et enregistrer le prochain lot de chansons pour la suite à venir, Even Sad Boys Like to Have Fun (n’est-ce pas ?) SAMWOY a émergé de mon effort solo pour devenir un groupe à part entière – un groupe qui a propulsé sa fusion de triptyques post-punk, électronique et hip-hop à travers une onde de choc et s’est fermement installé sur la scène montréalaise.

Le dernier single « Poison » s’appuie sur ces chansons sombres et pleines d’autodérision qui font de SAMWOY un groupe si agréable à écouter. Nous avons tous nos propres problèmes, mais SAMWOY (Sam Woywitka) n’a pas peur de les étaler au grand jour. Une chanson comme « Poison » est réaliste, elle plonge dans les pensées et les sentiments qui nous font penser que nous nous détestons nous-mêmes. Comme le message de la chanson, il est parfois bon de « mourir un peu à l’intérieur » pour pouvoir aller de l’avant.

SAMWOY Live

Cette chanson est à la fois un coup de poignard satirique dans la mémoire et le journal intime garage rock d’une personne avec des paroles qui semblent provenir d’un roman angoissant de Chuck Palahniuk, mais l’interprétation de SAMWOY est tout à fait authentique. C’est grunge, c’est grave, et ça ne s’éloigne pas du rouge, ce qui manque à beaucoup de rock garage de nos jours. « Poison » est également accompagné d’un petit clip vidéo dérivé de sessions en studio, de concerts filmés comme un home movie des années 90 et d’un paysage visuel psychédélique. Nous sommes impatients de voir ce que SAMWOY nous prépare.

Gus Englehorn – One Eyed Jack Trilogy

par Stephan Boissonneault

Notre vagabond musical préféré, Gus Englehorn, est de retour avant la sortie l’année prochaine de son album The Hornbook, cette fois avec un conte sur une étrange entité appelée One Eyed Jack. Peut-être inspirée par le folklore concocté par Englehorn ou par Twin Peaks, peut-être les deux, la trilogie de chansons (c’est-à-dire trois) joue avec le temps et la perception, tandis qu’un étrange blues acoustique anti-folk s’ensuit, décrivant les pouvoirs et l’influence sinistre de One Eyed Jack.

Apparemment, cet homme, cette essence, peut traverser les murs, devenir des objets intimes et groover sur un rock garage surréaliste. Dans le style typique de Gus, lui et sa femme, la batteuse Estée Preda, ont réalisé une merveilleuse vidéo lo-fi, mais cette fois avec une certaine valeur de production dans le garage du père de Gus à Maui.

Gus joue tous les personnages et Preda fait une apparition dans le rôle d’une femme maniaque qui extrait de la roche avec une pioche. Il n’y a pas de véritable explication sur qui ou quoi est Jack le Borgne, et c’est là tout l’intérêt. Il est le vecteur de l’imagination débridée de Gus. Il y a même une petite troisième partie qui poursuit l’histoire. Un morceau parfait pour un prochain album intitulé The Hornbook. Les chansons de Gus donnent toujours l’impression d’être lues à partir d’un parchemin médiéval perdu dans le temps.

alt-pop / dream pop expérimentale / électronique

N NAO – Corps

par Stephan Boissonneault

The experimental pop songstress known as N NAO is back with « Corps, » this time running into more of a minimalist synth dance pop realm. With her enchanting music, Naomie de Lorimie loves exploring the beauty and harsh reality of life, as she did in her last two works, L’eau et les r​ê​ves and the Miroir EP.

On « Corps » she seems to be enjoying the freedom to dance, symbolized by the genteel and inviting percussion cadences mixed with samples and psychedelic synthesizers, bringing to mind the ambient work of someone like Caterina Barbieri. The song is partly inspired by the real-life dancing epidemic in Strasbourg way back in 1518 when a village of people danced uncontrollably for two months. N NAO wrote the initial idea for the dance beat on a 4-track recorder while staying at a convent in Baie-Saint-Paul.

« Corps » arrives with a fun music video that follows Naomie on a trip to the La Ronde amusement park. As with all of her video work, it was shot DIY (this time with spy glasses for the POV effect) and is quite experimental with its editing. The single is also to announce her third LP, Nouveau Langage which drops in January next year via Mothland.

bruitiste / expérimental / krautrock / post-rock

Yoo Doo Right – Eager Glacier

par Stephan Boissonneault

Yoo Doo Right, les géants montréalais du mur de bruit post-rock, présentent un nouveau single et une vidéo intitulés Eager Glacier. Commençant par une batterie qui ressemble à un bélier troublant sous un lit de crissements déformés et distordus, de cordes bourdonnantes, d’une basse gargantuesque et de vrombissements synthétiques obsédants, Eager Glacier est un opus crépusculaire imprégné de ruminations.

Le nouveau single est accompagné d’un court métrage expérimental presque entièrement en noir et blanc réalisé par Stacy Lee, mettant en scène des silhouettes encapuchonnées (rappelant peut-être les Bene Gesserit de Dune ou la pochette emblématique de Sleep, Dopesmoker) qui montent une falaise herbeuse pour se rencontrer. La musique de Yoo Doo Right se marie bien avec la présence des figures enveloppantes ainsi qu’avec la cinématographie du film (un lent retrait et un éventuel zoom qui montre la majesté des figures et de la terre) qui se transforme bientôt en une explosion chaotique et picturale.

C’est un flou entre la ligne fracturée entre la réalité et le surréel, tout comme la chanson expérimentale elle-même. À mi-parcours, le film est aussi une sorte de lettre d’amour au processus du cinéaste, qui plonge dans les rouleaux de pellicule exposée et se perd dans l’univers microscopique.

Eager Glacier est le deuxième single de l’album de Yoo Doo Right, From the Heights of Our Pastureland, qui sortira le 8 novembre chez Mothland.

Gus Englehorn – Thyme

par Stephan Boissonneault

Le maître du donjon qu’est Gus Englehorn est de retour avec « Thyme », une ode surf psychédélique aux merveilles du temps et de l’amour astronomique. S’inspirant de la ballade anglaise traditionnelle « Scarborough Fair », rendue célèbre par Simon & Garfunkel, pour son couplet hypnotique et charmant, Englehorn a pris les deux homophones de la langue anglaise, le français et l’anglais, pour les utiliser dans sa chanson « Thyme ». Englehorn a pris les deux homophones « temps » et « thym » et s’en est servi pour confier des tâches impossibles à un ménestrel aléatoire, tel un roi elfique maniaque dont le seul but est la confusion et l’allégresse folle.

L’autre vedette de cette chanson est le vidéoclip, réalisé par la batteuse et partenaire d’Englehorn, Estée Preda, ainsi que par la documentariste Ariane Moisan, qui suit l’histoire d’un couple de scientifiques fous (des musiciens de Québec, Kerry Samuel de WORRY et l i l a) qui cherchent à projeter Englehorn dans l’espace ou, peut-être, dans un autre monde. La vidéo est tournée en Super 8 et super DIY, montrant tout ce qu’il est possible de faire avec une vision créative et beaucoup de cœur. « Thyme » bénéficie d’une excellente cinématographie qui rappelle les vieux films de science-fiction des années 70 comme Logan’s Run ou Dark Star.

C’est une histoire très Gus Englehorn, qui s’ajoute à son grimoire, et à l’annonce de son prochain album, The Hornbrook, qui promet d’être aussi fantastique que son dernier album DnD anti-punk, Dungeon Master, qui ressemblait parfois à un conte de fées des frères Grimm sous acide.

Présente ta chanson | Dankoroba par Djely Tapa

par Alain Brunet

Sous étiquette Disques Nuits d’Afrique, la chanson Dankoroba (influente) se veut un avant-goût du prochain album de la griote Djely Tapa, qui sera rendu public à l’automne. Lauréate de deux Prix JUNO, la musicienne, parolière et excellente chanteuse malienne (et transplantée à Montréal) redynamise ses traditions ancestrales et les propulse dans un univers afro-futuriste avec le soutien hautement créatif du réalisateur Jean Massicotte – Arthur H, Lhasa, Patrick Watson, Pierre Lapointe, etc.

Assorti d’un vidéoclip tourné dans les sublimes paysages de Kita, au Mali, un lieu emblématique chargé de spiritualité, Dankoroba a été enregistrée entre Bamako et Montréal.

De posture féministe, la chanson de Djely Tapa rend hommage au legs culturel des Sumusso, neuf femmes remarquables dont Kiligna Mandé Kouyaté, ancêtre de Djely Tapa. Ces femmes légendaires sont évoquées dans le poème épique malinké de l’empereur Soundiata Keïta, pour avoir fait partie du premier gouvernement de l’Empire mandingue – 13e siècle.

Dankoroba exprime musicalement l’influence historique de ces femmes à travers les traditionnels (calebasse et ngoni), mais aussi par des guitares hypnotiques et autres nappes électroniques. Porté par la voix profonde et puissante de Djely Tapa et par les chœurs de la chorale montréalaise Afrika Intshiyetu, Dankoroba célèbre ces femmes ayant façonné positivement leur monde . Elles s’avèrent d’authentiques modèles dans un contexte afro-descendant en 2024.

Pour PAN M 360, Djely Tapa présente sa chanson !

grind-punk / hardcore / noise / punk hardcore

Truck Violence – He Ended the Bender Hanging

par Louise Jaunet

Caché sous le pont Van Horne, un rassemblement spécial s’est tenu le 4 mai dernier. Gratuit, à l’extérieur, pour tous les âges, où la violence est un service communautaire pour ceux qui utilisent les espaces publics vacants pour le développement culturel, pour ceux qui n’ont personne avec qui faire la fête lorsque les vraies conversations sur la honte et l’autodestruction restent discrètes à la maison, pour ceux qui se trouvent du mauvais côté du silence et de l’espace vide que seul un camion peut sauver.

La dernière trouvaille du label subversif Mothland (Alix Fernz, Yoo Doo Right), Truck Violence, fait bien plus que de la musique punk de rats pour rats à la Black Flag ou, plus proche de nous, Chat Pile.

« He Ended the Bender Hanging », nouveau single de leur premier album « Violence », est un mélange moderne de hardcore et de folk qui aborde les enjeux du milieu rural de l’ouest canadien. Guitare, banjo, poésie solennelle, voix chantées et criées, honte, autosabotage, errance, pots rouillés et bières accumulées. Voici le constat réaliste de la situation. Inébranlablement, on a dû voir ou entendre tout ce dont on avait besoin pour finir par ébrécher sa propre vie ainsi .

Ce regard empli de clarté montre à quel point le chanteur-poète Karsyn Henderson, le guitariste-banjoïste Paul Lecours et le percussionniste Ryley Klima, aux côtés du bassiste Chris Clegg, ressentent tous le besoin de vivre quelque chose à l’intérieur de l’étreinte d’une communauté soudée. Tout semble inaccessible, rien ne semble plus valoir nos efforts, seul l’art semble vouloir nous dire que ça en vaut foutrement la peine.

Crédit photo : Palo Ukuku

Vidéo Catherine Major | Rue Champagneur

par Rédaction PAN M 360

Après ses débuts chez ATMA Classique à titre de compositrice de Albertine en cinq temps ─ l’opéra (novembre 2022), Catherine Major devient la première musicienne à enregistrer  sous la nouvelle étiquette néoclassique alisma, lancée par Ad Litteram qui possède aussi Atma Classique. La mémoire du corps sortait le 17 mai dernier, florilège pianistique de compositions originales, dont certaines sont assorties de cordes, cor anglais ou vocalises. Sans paroles, ce nouvel enregistrement met en relief le talent compositionnel de cette artiste normalement dédiée à la création et l’interprétation de chansons. Or Catherine Major, rappelons-le, est pianiste de formation et son jardin de compositrice ne cesse de prendre de l’ampleur. Pour ce premier album instrumental, elle explore le thème de La mémoire du corps, les sons y incarnent sa trajectoire intime et sont « intrinsèquement attachés » à son corps. 

Visionnez Rue Champagneur !

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expérimental / contemporain / Instrumental / krautrock

The Fleeting Light of Love and Grief – Terminal 9

par Louise Jaunet

Fusionnant le krautrock avec des instruments turcs, The Fleeting Light of Love and Grief est le dernier groupe instrumental à émerger du label Popop (Anachnid, Melissa Fortin, Patche). Ce duo est composé de Lydia Wener (synthétiseurs, basse, saxophone, thérémine, stylophone) et Roy Vucino (guitares électriques et acoustiques, basse, bağlama, duduk, trompette midi, synthétiseurs, MPC, rythmes de batterie traités, rototoms, tom basse, tambourin, coquillages, cloches, bloc de bois), accompagnés par Omri Gondor (batterie). Ce nouveau projet de « krautrock de chambre » présente « Terminal 9 », le premier extrait de leur album qui paraîtra en juin prochain.

Né dans le chagrin mais façonné par une rencontre amoureuse, le morceau « Terminal 9 » s’inspire du groupe Air et combine de manière ludique et intuitive des sonorités électroniques, dream pop, krautrock et bossa nova. Réalisé et monté par Lydia avec un vieux caméscope, le clip se concentre sur la superposition de couleurs, de textures et de mouvements incompatibles, rappelant l’approche de Janie Geiser dans son court métrage expérimental The Fourth Watch (2000). 

The Fleeting Light of Love and Grief représente l’énième projet de l’un et les débuts musicaux de l’autre, mais promet de livrer un témoignage brut et authentique de l’histoire d’amour d’un homme et d’une femme qui se relèvent courageusement. Le soleil se lève.

crédits photo : Nicolas Morin

Alternative / Horror Punk / post-punk / synthwave

Alix Fernz – Muselière

par Louise Jaunet

Noticed at the M for Montreal festival last November, or alongside La Sécurité, Stoylov, and Hippie Hourrah as a touring musician, Alix Fernz is a strange new rebel, emerging straight from the gloomy underground of the Bermuda Triangle. Nominated at the GAMIQ for the best punk album of the year in 2020 with his previous project Blood Skin Atopic, this self-taught singer and multi-instrumentalist is releasing his first solo album Bizou on 19 April via the Montreal label Mothland.

Directed by Annabelle Fournier, the video « Muselière » depicts Alix Fernz in an ambiguous psychic state, oscillating between wakefulness and sleep. With his hair dyed like a super-villain and marked by a deformity that has driven him mad, Alix embodies the malaise of his alter ego on the run by adopting the role of a clumsy, sadistic criminal clown who ends up in the hands of the forces of the law. Like a reflection of his unconscious, this master criminal evokes Alix’s fear and desire for a youthful rebellion against his own alienation, in the context of a coming of age in a cybernetic era. Like a dog barking into the headphones of its muzzle in the face of a well-trained collective mass, psychosocial disorders are perhaps just waiting to burst through the screen. AllO aLLO AllO aLLo… 

Alix Fernz will be performing at the Sala Rossa on March 6, opening for the group Omni (Sub Pop).

Alternative / folk psychédélique / indie folk

Alex Southey – God’s Green Earth

par Stephan Boissonneault

S’appuyant sur son style d’auteur-compositeur-interprète folk, cérébral et apaisant, le Torontois Alex Southey a sorti son dernier single God’s Green Earth, extrait de son prochain album, Entertainers Bring May Flowers.

Ce nouveau morceau plonge l’auditeur dans une transe étrange, en suivant la voix de Southey, qui semble parfois assortie d’un écho ou de multiples enregistrements de voix supplémentaires. Les chœurs sont parfois décentrés ou décalés, mais à dessein, comme si Southey s’interrompait lui-même dans un état à la fois zen et maniaque.

Le thème de ce morceau est l’embrasement du monde, mais aussi le sentiment d’apathie face à la folie constante. La guitare acoustique légère et le Mellotron ajoutent au flair psychédélique, un peu shoegaze par moments, comme quelque chose à la Slowdive.

Le refrain vous restera en tête des heures après la première écoute. Enfin, le clip vidéo, réalisé par un certain Don River, présente un collage art pop-up vintage qui réagit lentement aux paroles de la chanson, allant parfois complètement à l’encontre des règles, mais de manière agréable.

Perdez vous dans la Terre Verte de Dieu ici :

jazz-fusion / jazz-hop / math rock

Waxamillion – Steezy

par Stephan Boissonneault

Les Autrichiens de Waxamillion sont ravis d’offrir à ceux qui le désirent la folie des riffs de guitare pop de CHON ou de Polyphia. Le single Steezy nous entraîne dans un voyage incroyablement riche et complexe entre math rock et hip hop instrumental lo-fi. Ces artistes m’exaspèrent toujours par leur habileté… Il faut secouer la tête pour voir à quel point c’est malade… Il y a des compétences rigoureuses en matière de palm muting et de tapping ici et sur l’album complet Random Notes. Le single Steezy s’accompagne d’un clip vidéo complètement déjanté avec des images psychédéliques cubiques et des formes rotatives, un accompagnement parfait pour l’hystérie.

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