Meggie Lennon : fantasmes, sensualité, psychédélisme, pop

Entrevue réalisée par Jade Baril
Genres et styles : dream-pop / indie pop / rock psychédélique

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Meggie Lennon crée des chansons sensuelles, baignées de rock psychédélique. Son style hypnotique, make-out dream-pop, inspiré de la période fin 60 – début 70, nous transportent des années en arrière.

Samuel Gemme a pu apporter une expérience bénéfique à l’entièreté de l’œuvre. Il a su utiliser les techniques d’avant, tout en conservant une touche moderne. Qu’il ait travaillé avec des bandes jouées à l’envers mène à croire qu’il est dans le bon milieu. Et promet un album remarquable.

Prévus le 9 juillet, les 8 titres de Sounds From Your Lips sont partiellement dévoilées, voilà autant de raisons de s’entretenir avec la principale intéressée !

PAN M 360 : Depuis quand travailles-tu sur cet album?

Meggie Lennon : J’ai déménagé à Montréal il y a 4 ans. J’avais composé quelques chansons avant mon déménagement, mais officiellement, ça fait 3 ans que j’ai commencé à travailler avec Samuel Gemme dans son studio. Donc, on a commencé à la fin 2018. Ce qui est le plus surprenant, c’est qu’il y a eu un an de recherche d’étiquette pour lancer l’album. Par la suite, nous nous sommes lancé le défi de le transformer en long jeu puisqu’à la base c’était un EP. Nous avons ensuite procédé à la production. J’ai écrit d’autres chansons et la pandémie a vraiment tout retardé. Mais entretemps, j’ai trouvé Mothland, donc je suis super contente. C’est un rêve qui va se réaliser avec la sortie de l’album en vinyle. Je suis aux anges.

PAN M 360 : Avant tu faisais partie du groupe Abrdeen. Comment s’est fait la transition?

Meggie Lennon : Le groupe Abrdeen était un de mes projets. Je l’ai fondé, j’écrivais les chansons et je composais aussi la musique. Nous étions 5, tous des amis de Québec. On avait lancé le EP Endless Nights and Dreamlike Mornings en 2017, qui avait été nommé au GAMIQ. Ce fut une belle réussite. Par la suite, lorsque j’ai pris la décision de déménager à Montréal, nous nous sommes entendus que j’allais juste recommencer à neuf avec un nouveau son. Parce que, il faut dire, les garçons étaient plus ou moins excités à l’idée que je délaisse la guitare pour le synthétiseur. Ils avaient des aspirations plus rock et moi plus indie-pop, que j’ai maintenant transformé en make-out rock. Conséquemment, ça s’est fait assez naturellement. En fait, c’est que je voulais. Comme c’était moi la compositrice, les autres n’avaient pas d’intérêt à garder le nom Abrdeen, qui était aussi le nom que j’avais choisi puisque j’habitais sur la rue Aberdeen et c’était aussi un clin d’œil à la ville natale de Kurt Cobain.

PAN M 360 : Quels sont, pour toi, les grandes différences entre travailler dans un groupe et le faire en solo?

Meggie Lennon : Évidemment, d’être celle qui dirige à 100% le projet, ça a toujours été quelque chose qui me plaisait beaucoup. J’ai toujours eu un amour des synthétiseurs, c’est pourquoi je me suis donné le défi de m’en acheter un. Je me suis mise à jouer et je souhaitais plus me diriger vers un son plus pop. Alors,  d’avoir cette ligne directrice que je contrôlais, ça me parlait beaucoup. J’ai également rencontré des gens qui sont à présent mes complices, mes musiciens, dont Jules Henry qui est l’artiste Super Plage, avec qui je joue la majorité du temps. De plus, cet été, Marika Galea, qui a récemment collaboré avec Russell Louder, sera de la partie. Ces personnes me suivent pour les performances, mais ce qui me manque d’avoir un groupe c’est surtout en lien avec la stabilité. Nous pouvions bouquer des shows de dernière minute, nous connaissions toutes les chansons. Nous n’étions pas obligés de pratiquer énormément. Il y avait de la spontanéité, mais aujourd’hui il faut prendre en compte les pratiques pour un spectacle, surtout lorsque ce sont des personnes différentes. Les musiciens doivent être avec cette nouvelle chimie qui peut se renouveler.

PAN M 360 : D’où vient ton inspiration de produire de la musique rock psychédélique inspiré de la fin des années 60 – début 70?

Meggie Lennon : J’étais tombé sur l’album Mother Earth’s Plantasia de Mort Garson qui était très aéré et ça m’avait énormément plu. Aussi, j’ai toujours été une fanatique du rock de ces années. J’ai commencé à jouer de la musique avec le livre des Beatles. Ça me suit depuis le secondaire. Cet amour était déjà là. Avec Mork Garson et Donovan que j’ai beaucoup écouté, il y avait déjà cette attirance naturelle vers ce son. De plus, ce qui a vraiment pesé dans la balance pour mon choix de producteur, Samuel Gemme, est sa passion pour la musique de cette période, mais aussi très analogue. Il fonctionne par bandes et tout son studio est construit pour récréer cette même expérience qui se faisait à cette époque. Encore une fois, ça s’est fait très naturellement.

PAN M 360 : Désires-tu rester dans ce style, ou encore es-tu tentée d’explorer différents styles?

Meggie Lennon : Je te dirais pour le son, c’est quelque chose qui va rester. Cependant, j’ai remarqué une chose qui se transforme. J’ai commencé à écrire pour un prochain album et deux des chansons que j’ai écrites sont en français. C’est une tendance qui ne m’avait jamais accompagnée dans le passé. Il avait eu Ton Amour, Ma Bouche, mais ce n’était pas quelque chose qui me venait naturellement. Actuellement, je prends des marches et je suis inspirée avec des paroles en français. On le sait, en tant qu’artiste, il y a des sous reliés à la langue. Je ne pense pas que l’aspect monétaire vient motiver à cent pour cent ce nouveau réflexe, mais ça permet certainement d’avoir accès à des bourses et à du support financier qui est très intéressant vu notre réalité au Québec. Je ne garantis pas que mon prochain album soit exclusivement en français, pas du tout. J’ai évolué dans un milieu anglophone et c’est encré en moi. Je ne crois pas que c’est quelque chose qui va se concrétiser, mais qui sait, jusqu’à maintenant j’en ai deux en banque.

PAN M 360 : Pourquoi avoir sorti une seule chanson en français et que signifie-t-elle ?

Meggie Lennon : Jardin est la dernière chanson qu’on a composée. C’était pendant la pandémie. Je suis tombée sur un article qui se nommait The Fantasy Prone Personality ; ce sont des gens qui vivent très près de leurs fantasmes et qui, parfois, ont de la misère à discerner la différence entre leurs fantasmes et la réalité. Je trouvais ça hallucinant. C’est un trait de personnalité, quelque chose qui a été observé chez certaines personnes par des psychologues. Ça m’a donc fait penser à ma propre relation avec mes fantasmes, d’où la naissance du jardin secret à l’intérieur de soi, lieu dont il est tout possible de réaliser.

PAN M 360 : Tes chansons parlent de sensualité, de plaisir et de romance, c’est important pour toi?

Meggie Lennon : Ça vient de moi tout simplement. Je suis une grande amoureuse dans la vie. Je célèbre tous les petits plaisirs au quotidien et c’est quelque chose qui m’inspire beaucoup et j’ai la chance de vivre cet amour avec les gens qui m’entourent. Les paroles sont un complément à la musique. La musique peut arriver avant, d’autres fois ce seront les paroles. Une fois que j’écris les lignes, il est rare d’y repenser plus d’une fois. La plupart du temps c’est ma réalité qui m’inspire. Sinon, je suis une personne sensuelle et j’aime la thématique de la sensualité. J’apprécie quand cette sensualité se reflète dans la musique parce que cette enveloppe sonore devient une écoute facile qui te fait sentir bien et veut te faire bouger.

PAN M 360 : As-tu des attentes concernant ton album?

Meggie Lennon : Je désire qu’il y ait une réaction positive. J’ose croire que cet album va parler à beaucoup de gens puisqu’il sera lancé en juillet, été qui va accompagner notre déconfinement graduel. Je pense que ça va faire du bien à beaucoup de personnes. J’espère que ce sera autant libérateur pour les auditeurs que pour moi à la sortie de l’album.

Avec la pandémie, on a vraiment pris le temps. On a étalé les sessions. J’espère que la qualité de la production va être reconnue parce que l’album peut être considéré comme pop standard, mais ayant été activement intégrée dans le processus du mix, je dirais que Samuel a été au-delà de mes attentes et je suis ravie de son travail.

PAN M 360 : Ta chanson préférée de l’album et pourquoi?

Meggie Lennon : J’irais avec Night Shift. C’est celle qui ressort toujours du lot en termes de composition et d’enregistrement. Ça avait été une session particulièrement agréable. Je vais être transparente, Samuel et moi étions en studio. Il met à l’aise les personnes qui le côtoie. Il est inspirant et souvent on accompagnait nos sessions avec un peu de vin et on se laissait aller. On avait le Wurlitzer sur lequel on avait composé l’harmonie. À partir de ce moment, ça s’est fait tellement naturellement. Il faut dire que l’inspiration principale de la chanson était les balades de Bixi en revenant du bar un peu pompette dans les rues désertes de Montréal qui me remettaient en action.

J’aime aussi le fait que la pièce ait un crescendo à la fin. Donc, elle part plus dream-pop et se termine avec la guitare de Gabriel Lambert qui amène l’aspect rock de feu. Or, j’affectionne particulièrement Lost in the plot. Mes deux chansons préférées représentent respectivement l’ouverture et la fermeture de mon album et qui sont construites en partie, comme A Day in The Life des Beatles. Ça raconte une histoire et passe à travers plusieurs émotions.

PAN M 360 : Qu’est-ce que Samuel Gemme a concrètement apporté à ton album?

Meggie Lennon : Je lui apportais une bande qui était une démo qui était montée à partir de ma voix, d’un synthétiseur et parfois des lignes de guitare que j’avais monté avec Jules parce qu’on avait, lui et moi, procédé à une préproduction pendant que Samuel était occupé dans d’autres projets. J’étais arrivée préparée de cette façon. Il n’y avait pas de batterie, il n’y avait pas de basse, il a pris totalement la charge de toutes ces bases. Il a fait une grande partie des guitares rythmiques. Jules et Gabriel ont aussi collaboré. Par la suite, il m’a aussi aidé sur le choix des synthétiseurs. J’avais en ma possession mon Juno-106, mais à son studio nous avions accès à une foule d’autres instruments, qui amenait une touche vintage.

PAN M 360 : Quels sont tes autres projets?

Meggie Lennon : Concrètement, nous avons la sortie de l’album le 9 juillet. Le 22 du même mois, je fais partie du nouveau projet de scène extérieure du FME : le Poisson Volant. Je vais jouer à Rouyn-Noranda. C’est vraiment génial! Puis, le 20 août, je vais jouer au festival de la Grosse Lanterne. Je suis extrêmement ravie de faire partie de la relance du festival qui avait pris une pause de deux ans et qui est de retour en force. J’y serai avec Mirabelle pour la soirée d’ouverture. Ça risque d’être vraiment fou!

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