Le soir du vendredi 26 juillet, Yannick Rieu lançait son dernier album, Symbiosis, à Dièse Onze. Accompagné sur scène et sur disque par de solides musiciens plus jeunes que lui (une pratique éprouvée dans les carrières d’Art Blakey et de Miles Davis, pour ne nommer que ceux-là), ses interactions musicales avec ses collègues semblaient en effet s’apparenter à une sorte de symbiose qui élevait la musique et l’expérience de son écoute.
Sur le plan de la composition, Rieu explique dans les notes de pochette de l’album que les pièces de Symbiosis ont été inspirées par la musique de Brahms, qui l’a toujours ému. Rieu a cependant cherché à invoquer l’esprit de Brahms sans nécessairement se limiter au vocabulaire harmonique et formel que l’on peut attendre d’un tel exercice. En conséquence, je dois admettre que je n’ai perçu qu’une ressemblance ténue ; et je soupçonne que c’est seulement parce que j’ai été informé à l’avance de l’objectif de canaliser le compositeur allemand.
Quoi qu’il en soit, le jeu (et la composition) ont été réalisés à un très haut niveau, Johnathan Cayer, Rémi-Jean Leblanc et Louis-Vincent Hamel apportant tous leurs compétences à la musique de leur employeur chevronné. Parmi les points forts, citons l’impressionnante dextérité de Leblanc à la basse, la solide composition de Cayer avec ses harmonisations brillantes, le ton puissant de Rieu et le jeu de batterie dynamique de Hamel qui, grâce aux micro-mouvements de ses poignets et doigts, a pu réaliser des motifs proches de la batterie et de la basse à certains moments.
Tout cela a généré l’appréciation d’un public qui a rempli le club presque à ras bord. Je dirais donc que ce lancement du nouvel opus de Rieu, jazz contemporain cette fois inspiré par la période romantique, s’est déroulé aussi bien qu’on pouvait s’y attendre.