Vendredi soir, la Salle Bourgie accueillait les Violons du Roy et le violoniste Kerson Leong pour un concert mémorable et ambitieux qui a probablement su marquer l’ensemble du public au plus profond de son âme musicale.
Kerson Leong a tout simplement volé la vedette avec son jeu époustouflant. Clair et puissant, on le voit vivre à travers sa musique. Sa présence impressionnante sur scène et sa technique incroyable font de lui un des solistes les plus mémorables. Lorsqu’il jouait, l’orchestre derrière lui semblait atteindre une nouvelle dimension. Même si tous les yeux étaient rivés sur lui, il était infaillible et rares notes étranges sont le résultat de la partition, souvent inusitée, et non d’une erreur de son doigté virtuose.
Il faut dire que les pièces se prêtaient bien à cette virtuosité. Les deux œuvres phares du programme, la Sonate pour violon en sol mineur de Guiseppe Tartini et le Concerto pour violon en ré majeur de Pietro Locatelli, surtout la dernière, donnent beaucoup de place aux parties solos. Alors que le Locatelli, le « labyrinthe », approche de l’excès avec ses cascades de notes qui forcent le soliste à jouer presque avec ses pieds et ses dents, le Tartini, avec ses « trilles du diables », permet de démontrer toute la sensibilité et l’émotion transcendante du jeu de Leong.
Le reste du programme et de l’orchestre a été excellent, un peu plus conventionnel tant dans le jeu que le style, mais on ne peut pas s’empêcher de voir les pièces pour orchestre comme des interludes entre les pièces pour solistes. On note tout de même l’intérêt de ces œuvres dans l’optique de démontrer l’évolution du langage du violon baroque vers le violon classique, un des objectifs du concert selon le chef, Nicolas Ellis.
Le public a grandement apprécié le concert, se levant à plusieurs reprises pendant la soirée pour saluer les interprètes. Leong a récompensé le public avec un rappel, un extrait de la seconde symphonie de Bach.
Les Violons du Roy, après un début de saison montréalaise un peu mitigé, ont réussi un coup d’éclat. La direction de la Salle Bourgie doit se réjouir d’avoir eu une salle si pleine pour un des meilleurs concerts de la saison!