baroque / chant choral / chant lyrique / classique occidental

Violons du Roy et La Chapelle de Québec | Une soirée de découvertes sur les traces des premières cantates de Bach

par Mona Boulay

C’est un répertoire intéressant que nous ont présenté les Violons du Roy, accompagnés par le chœur de chambre La Chapelle de Québec, et dirigés par Bernard Labadie, ce 6 mars dernier : celui des premières cantates de Bach, premières œuvres de celui qui allait devenir la référence absolue de la musique baroque. 

Le concert s’ouvre sur une brève, mais très enjouée, présentation par Bernard Labadie. On y interroge les jeunes années de Bach : nous n’avons aucune trace de ses compositions réalisées avant son apprentissage, à l’exception d’une pièce autour de ses seize ans. Qu’a-t-il écrit pendant ces années d’études, avant de publier ses premières cantates ? Un grand mystère qui nous rend encore plus curieux·ses d’entendre ces fameuses premières œuvres diffusées. 

Ainsi, les premières notes de la Cantate BWV 150 Nach dir, Herr, verlanget mich résonnent dans le Palais Montcalm. Comme tout au long du concert, les formations sont éclatées : ce coup-ci, pas d’altos, un seul violoncelle, une contrebasse et un basson. Tout de suite, on entend clairement des couleurs que, sans connaître parfaitement Bach, on n’aurait pas imaginées sorties de l’esprit du compositeur : des harmonies audacieuses, changements vifs de tempo à répétition, et, de par la formation particulière, un équilibre sonore singulier. Les Violons du Roy rendent avec excellence la beauté de cette cantate. Les passages en chœur sont parfaitement réussis, mais il nous a semblé que les premiers passages des solistes (issu·e·s de La Chapelle) soient un peu plus timides.

La Cantate BWV 131 Aus der Tiefe rufe ich, Herr, zu dir poursuit la soirée, et cette fois-ci c’est le pupitre des violons qui se raréfie. Les altos reviennent dans la balance, et surtout, un hautbois fait son apparition, quasiment au rang de soliste puisqu’il vient tricoter en contrepoint avec les chanteurs solistes, et répondre à leurs interventions. Il semble que ce travail soit parfois éprouvant, et bien que la majorité de la cantate soit très bien maîtrisée par la musicienne, on décèle certaines tensions par endroit (aussi faut-il préciser que la partition demande une endurance respiratoire assez impressionnante). Lors de l’Arioso chanté par la basse, Stephen Hegedus, il semble que le tempo soit disputé entre le chanteur, le hautbois et l’orgue, ce qui donne une sensation d’imprécision sans que l’on puisse savoir qui en est le·la responsable.  Toutefois, on garde un bon sentiment général de la pièce, avec un final tout à fait maîtrisé qui nous laisse avec un goût de splendeur avant l’entracte. 

C’est une formation encore plus atypique qui ouvre la seconde moitié du concert, avec deux violes de gambe et deux flûtes à bec à la place de la section de violon dans la Cantate BWV 106 Gottes Zeit ist die allerbeste Zeit. Une couleur de musique ancienne bien assumée, évoquant des instrumentations de la Renaissance, qui donne lieu cependant à quelques défis de justesse. Les solistes semblent avoir repris du poil de la bête et leurs interventions marquent plus, notamment le « Ja, komm, Herr Jesu, komm! » exécuté par la soprano Myriam Leblanc avec brio. La cantate se déploie, avec également un beau solo de mezzo, exécuté par Marie-Andrée Mathieu, que l’on n’avait jusque-là pas entendue et agréablement soutenue par le ténor Hugo Hymas.

Pour clore le concert, c’est la Cantate BWV 4 Christ lag in Todes Banden qui a été choisie. Cette fois-ci on retrouve une formation baroque un peu plus standard. La cantate est plus austère, en accord avec le texte, à l’exception des Alléluias qui ponctuent chaque fin de verset. À noter un beau duo entre Myriam Leblanc et le contre-ténor Daniel Moody, bien que ce dernier perde légèrement de la beauté de son timbre sur les notes plus aiguës. Plus tard, on entend la voix de Stephen Hegedus, mise en valeur de manière plus prégnante que dans ses précédentes interventions, lors de son Aria pour le verset 5. Le concert se termine sur un ultime « Alléluia », grandiose.

Le concert BACH, LES PREMIÈRES CANTATES ET BERNARD LABADIE, sera présenté de nouveau à Québec le 7 mars 2025 et à Montréal le 8 mars 2025

BILLETS ET INFOS

Tout le contenu 360

Francos | Ponteix: le karkwadien errant?

Francos | Ponteix: le karkwadien errant?

Francos | Katerine, maître absolu du pipi-caca-poil-bite

Francos | Katerine, maître absolu du pipi-caca-poil-bite

Warhol Dervish – The Possibility of a New Work for String Quartet : Tim Brady – String Quartets nos. 3-5

Warhol Dervish – The Possibility of a New Work for String Quartet : Tim Brady – String Quartets nos. 3-5

Tanya Ekanayaka – 16 Sri Lankan Piano Isles

Tanya Ekanayaka – 16 Sri Lankan Piano Isles

Joshua Banks – Para Sayo

Joshua Banks – Para Sayo

AUS!Funkt – Rewire The Damage

AUS!Funkt – Rewire The Damage

IE – Reverse Earth

IE – Reverse Earth

Satosphère / Francos  | Jacques Hurtubise immersif, visuel et sonore avec Hippie Hourrah

Satosphère / Francos | Jacques Hurtubise immersif, visuel et sonore avec Hippie Hourrah

Francos | D’eux, trois décennies plus tard

Francos | D’eux, trois décennies plus tard

Francos | P’tit Belliveau, l’Acadie sans filtres dans la place… des Festivals

Francos | P’tit Belliveau, l’Acadie sans filtres dans la place… des Festivals

Suoni / Le Vivier | Guérison de Joane Hétu, lorsqu’une épreuve dramatique devient musique

Suoni / Le Vivier | Guérison de Joane Hétu, lorsqu’une épreuve dramatique devient musique

Bonobo – Lazarus

Bonobo – Lazarus

Francos | Du blanc partout pour Fredz, des tubes TikTok pour Carbonne

Francos | Du blanc partout pour Fredz, des tubes TikTok pour Carbonne

Francos | Ariane Roy, la pression solo, le travail d’une bonne élève, le yogourt maison

Francos | Ariane Roy, la pression solo, le travail d’une bonne élève, le yogourt maison

Programmation du Festival Montréal Baroque 2025 : la Terre dans tous ses états

Programmation du Festival Montréal Baroque 2025 : la Terre dans tous ses états

Festival Classica | Valérie Milot : la harpe, dans une galaxie près de chez vous

Festival Classica | Valérie Milot : la harpe, dans une galaxie près de chez vous

Francos | OGB, rap, jazz, groove, électro, franco

Francos | OGB, rap, jazz, groove, électro, franco

Francos | Rouge impérial pour Lou-Adriane

Francos | Rouge impérial pour Lou-Adriane

Francos | Claude Dubois,  voix intacte, présence apaisée

Francos | Claude Dubois, voix intacte, présence apaisée

Francos | Mononc’ Serge & Anonymus, l’exutoire de la chasse-galerie

Francos | Mononc’ Serge & Anonymus, l’exutoire de la chasse-galerie

Festival Classica | Rencontre musicale et théâtrale entre La Bolduc et Daunais

Festival Classica | Rencontre musicale et théâtrale entre La Bolduc et Daunais

Une soirée solaire au Club Soda

Une soirée solaire au Club Soda

Francos ​| Fred Fortin transplante le décor

Francos ​| Fred Fortin transplante le décor

Maude Audet – Blue Tears

Maude Audet – Blue Tears

Inscrivez-vous à l'infolettre