Un 15 juin aux Francos : Anatole, Dumas, Fuudge

par Théo Reinhardt

L’équipe de PAN M 360 se fait un plaisir de fourmiller un peu partout aux Francos, dans les recoins évidents et moins évidents, pour le public francophile. Suivez notre couverture!

Anatole l’impassible

Crédit photo: Théo Reinhardt

À 19h sur la scène Siriusxm, Anatole et sa bande ont allégé les esprits le temps de quelques chansons. Lui et ses cinq musiciens, tous assis sur des chaises ou des tabourets, ont visé une performance libre et décomplexée. Anatole était ainsi présenté sous une lumière authentique et claire, ce qui lui a permis de faire briller les petits détails. 

Anatole, alias Alexandre Martel, cherche à ralentir la cadence. Il converse avec le public entre ses chansons, question d’amoindrir la distance entre scène et parterre. On se regarde dans les yeux et, pour une rare fois, on peut sentir que ça connecte. L’air est léger, les corps relaxés, c’est un moment bienvenu de ressourcement dans la folie des Francos.

Ce contexte n’a toutefois pas empêché Anatole et sa bande de faire de la musique captivante. Debout ou assis, l’auteur-compositeur-interprète et réalisateur (Hubert Lenoir, Lou-Adriane Cassidy, Thierry Larose, Alex Burger, Lumière) se dandine et s’active, comme si ses chansons éveillaient une bête en lui dont il ne peut s’extirper. Tantôt frénétique, tantôt calme, son interprétation semble provenir d’une profondeur insondable qui jette un voile attrayant de mystère. À un moment, Anatole se lève nonchalamment et dégaine un solo de guitare qu’il filtre  dans un talkbox. Surprise mystifiante pour le public, qui n’avait pas encore repéré le petit tube de plastique accroché à l’un des micros.

Il était plaisant de voir Anatole enfin sous la  lumière, alors qu’il semble plus souvent opérer dans l’ombre. Il reste évasif malgré sa portée et son implication dans une multitude de projets. Le temps d’un concert, on a peut-être pu accéder à une des réelles formes de son existence. C’est la preuve que, parfois et encore, la solution se trouve dans la retenue, dans la sobriété, dans l’essentiel.

Dumas le rassembleur

Crédit photo: Benoit Rousseau

À 20h, devant la scène Loto-Québec, le parterre était rempli d’un public qui traversait les générations. Il était l’heure pour l’habitué Dumas de se présenter le temps d’un retour en arrière vers son second album Le cours des jours. Il est toujours agréable de voir des musiciens aguerris présenter un spectacle bien huilé. On sait que ça marche. Et avec un travail d’éclairage palpitant, les yeux pouvaient être autant ravis que les oreilles. 

Dumas et son profil fascinant, c’est-à-dire à la fois sincère, banal et spectaculaire, un peu drôle aussi (peut-être sans le vouloir), mais toujours bienveillant, a vite charmé le public. Avec des « attention à vous! » dirigés vers la foule, des « Merci Montréal! » et des « To the bridge! » qui se répétaient, le personnage s’est vite trouvé à l’aise et communicatif. Toujours en train de bouger sur la scène, de gauche à droite, mettant un pied sur les moniteurs pour saluer la foule, on voyait bien qu’il se faisait plaisir. 

Les musiciens aussi. Chacun a eu ses moments pour briller, surtout lors de la longue et entraînante Le désir comme tel, morceau d’une dizaine de minutes. Le clou du spectacle, 

Vers la fin, Dumas raconte ses débuts en tant qu’artiste, et comment il a été aidé par d’autres, plus établis.  Faisant désormais partie de ces autres plus établis, et ayant envie de redonner au suivant, il invite Émile Bourgault.  Avec Dumas, ce jeune auteur-compositeur-interprète qu’on a pu voir sur la scène Hydro-Québec le 9 juin, chantera l’hymne pop-rock Les secretsi. Une belle surprise qui témoigne d’une gentillesse de la part de l’artiste, et qui fera sans doute un beau souvenir pour l’invité.

Fuudge les écraseurs

À 22h sur la scène Sirius xm, le groupe montréalais arrive comme une tonne de briques et envoie écraser le son dans l’air. Ces quatre musiciens, qui en sont à leur troisième Francos, s’inspirent du grunge, du noise et de la musique psychédélique. Le chanteur grogne, crie et beugle, la basse enveloppe tout de son ton râpeux, les percussions courent frénétiquement au son épais des toms, et la guitare lead déchire avec sa voix criarde. Des harmonies vocales, des mélodies sombres qu’on fait exprès de ne pas toujours rendre consonantes, des solos cuisants, le tout rehaussé par des tons planants de synthés en arrière-plan… Fuudge livre sa musique sur un plateau d’argent écorché, et le public a faim. Au devant de la foule, on voit une petite  tempête de corps qui se déchargent au rythme des distorsions. « Ta yeule, toute va ben » crient les membres du groupe lors de leur chanson du même titre, et ils ont raison. Ça parlait peu, et tout allait bien.

Alors si vous cherchez du lourd, optez pour  Fuudge. Si vous cherchez un dessert, tenez-vous en loin.

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