Un 13 juillet au FINA: Blick Bassy, Eliasse, Juan Carmona

par Rédaction PAN M 360

L’équipe de PAN M 360 est très présente au Festival international Nuits d’Afrique (FINA), nos contributeurs.trices rapportent quotidiennement ce qu’ils.elles ont vu et entendu aux concerts présentés à Montréal jusqu’au 23 juillet.

crédit photo: Andy Rubal

Blick Bassy et la transculture camerounaise, ça coule de source !

« L’eau est une métaphore puissante de la chaîne. C’est un lien sans lequel nous ne pouvons pas vivre. Elle est en chacun de nous, en chaque élément vivant de l’ordre naturel! Comme dans une chaîne, comme avec l’eau, nous ne pouvons nous extraire de la chaîne sans nuire à nous même et aux autres. Les conflits sont de cet ordre : un retrait de certains groupes de la chaîne du vivant, de la chaîne de dépendance. Et les conséquences sont désastreuses. »

Tirée de notre interview de Blick Bassy par le collègue Frédéric Caddin, cette citation tombe sous le sens.

Devant nous sur scène ou via ses enregistrements (Ako, 1958, Madiba), les superbes chansons de cet artiste camerounais (transplanté en France) caressent un objectif de rédemption et coulent de source, question de poursuivre dans la métaphore aquatique. La quête personnelle de Blick Bassy, un être inspiré et raffiné, se déploie aux antipodes de l’ethnocentrisme, à l’opposé du repli sur soi et ou de valeurs ancestrales périmées. 

Blick Bassy l’a démontré jeudi au Théâtre Fairmount : il est un artiste doué et un authentique citoyen du monde, zéro décalé par rapport à tous les chantiers de chanson actuelle en cours sur cette petite planète. Il s’exprime avec les outils d’aujourd’hui et d’hier, ses choix d’accompagnement incluent les technologies numériques, les percussions électroniques ou acoustiques, synthétiseurs, trompette, instruments inventés ou traditionnels, guitare électrique, chant. Sa voix fine aérienne de contre-ténor (dont les vocalises rappellent parfois les chants du peuple Bakaya) sied parfaitement avec les arrangements très créatifs que génère cette instrumentation, ce qui ne dénature en rien les fondements camerounais de l’édifice.

On reste alors très attentif aux ambiances éthérées de ses airs et de ses textes en langue bassa dont on parvient toujours à saisir l’émotion et même le sens si on n’en comprend pas un traître mot. Ses explications en français sont néanmoins limpides et éclairantes. Voilà une excellente prise dans la programmation des Nuits d’Afrique 2023.

Alain Brunet

Eliasse, encore plus rock (zangoma) que prévu !

L’archipel des Comores est peu connu et peu fréquenté par les Nord-Américains, d’où notre intérêt de s’enquérir de sa culture actuelle… aux Nuits d’Afrique, il va sans dire. Voilà pourquoi nous étions au Balattou en début de soirée jeudi. À l’instar de Blick Bassy que nous avons entendu un peu plus tard, Eliasse a quitté sa terre natale pour devenir autre chose et proposer autre chose. 

Artiste fort intelligent, d’ailleurs doté d’un humour particulièrement décapant, l’auteur, compositeur et chanteur est une créature hybride, à l’image de sa transhumance planétaire. Installé en France, il aime le rock et s’allie des musiciens bordelais férus de rock et aussi de jazz on imagine. Car il  faut piger les mesures composées pour accompagner Eliasse, dont la culture populaire se fonde sur un corpus rythmique hors du commun. La percussion est d’ailleurs une arme redoutable dans le répertoire d’Eliasse, qui nous réserve des séquences bien senties en ce sens. 

Ainsi donc, le folklore et les rythmes comoriens sont le point de départ d’une expression rock parfaitement assumée. Rock zangoma, donc, pour reprendre l’appellation d’Eliasse. Sa guitare et ses pédales d’effet, effectivement, ne ménagent pas la saturation créative des accords constitutifs de ces chansons allumées à souhait. Encore plus rock que prévu ! Interprétées en langue comorienne, les paroles d’Eliasse sont des poésies chansonnières sur les sociétés humaines et sur ses marques pas toujours propres dans l’écosystème planétaire. On ne parle pas le comorien, on est très tenté de faire acte de foi à l’écoute d’Eliasse.

Alain Brunet

Juan Carmona, flamenco nuevo et saveurs maghrébines

crédit photo: Andy Rubal

Au National jeudi, Juan Carmona et son ensemble ont offert une performance tonitruante pour une soirée convenablement orageuse. Inaugurant le concert avec une pièce de guitare solo, le guitariste a donné le ton de la soirée avec sa virtuosité fougueuse et lyrique, créant une atmosphère à la fois électrisante et profondément émouvante.

Pour la deuxième pièce, un percussionniste a monté sur scène et les rythmes du cajón et les battements de mains, ces fameux palmas, sont rapidement devenus l’épine dorsale de la musique, accroissant ainsi l’intensité et l’énergie de l’exécution. Le groupe s’est ensuite agrandi davantage avec un clavier/flûtiste et un bassiste,  son leader avait alors la liberté de jouer ses compositions avec plus de lyrisme et de servir  en prime des solos éblouissants.

On a senti un suspense tangible au sein du public, car de nombreux fans du chanteur algéro-montréalais, Youba Adjrab, attendaient son arrivée sur scène. Il n’a pas fallu longtemps après que Youba ait commencé à chanter pour que la foule éclate en applaudissements, et nous avons tous été surpris par la beauté et la fluidité de la voix de Youba, planant gracieusement au-dessus des riches harmonies du flamenco. 

Ce fut une soirée idéale pour cette riche tradition du flamenco, d’autant plus qu’on en a repoussé les limites avec une touche moderne et une touche maghrébine très appréciées. 

Varun Swarup

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