Hier soir, on nous a servi trois cours de musique numérique, chacun présenté par l’un des ensembles distingués dirigés par Le Vivier. Au cœur de cet événement, deux œuvres mixtes de l’invité d’honneur Pierre Jodlowski et une pièce de Cléo Palacio-Quintin résonnaient dans un mélange éclectique de sons et de récits transdisciplinaires.
Le premier cours a débuté avec « ALÉAS », de la compositrice et interprète elle-même, Cléo Palacio-Quintin à la flûte et son collègue Bernard Falaise à la guitare électrique. Ensemble, ils ont sonorisé en temps réel une projection visuelle ostensiblement d’eau qui coule, dans une invitation à redécouvrir le monde qui nous entoure à travers un prisme déformant de son et de poésie de Thierry Dimanche. Vous pouvez lire notre entretien avec Cléo ici.
André Leroux, l’un des saxophonistes du prestigieux quatuor Quasar, a été à l’honneur lors de la deuxième représentation, dans son interprétation de « Le dernier songe de Samuel Beckett ». Leroux a fait preuve d’une maîtrise considérable dans cette performance qui impliquait des lignes atonales araignées et de nombreuses techniques étendues. Avec son pied, il contrôlait une pédale qui déclencherait une piste d’accompagnement, des paysages sonores banals et effrayants dans cet hommage au dramaturge estimé.
Pour moi, le point culminant de la soirée a été la représentation de l’œuvre de Jodlowski, « Respire », interprétée par le Nouvel Ensemble Moderne. Il s’agit d’une œuvre qui semble explorer le mécanisme même par lequel nous nous maintenons en vie, notre respiration. Des corps humains sans visage se contorsionnent et bougent en synchronisation avec les sons hypnotiques de l’orchestre, parfois fous, mais parfois beaux dans cette danse entre son et silence. On peut certainement entendre l’influence du minimalisme à la Steve Reich, prononcée par les accords sublimes occasionnels du clavier. Un ouvrage vraiment envoûtant et qui fait réfléchir.