Mardi au Wilder, le programme Je suis en Feu proposait « une soirée éclatée de musique en direct accompagnée de projections de films ». La musique en direct était exécutée par le Quatuor Bozzini.
En troisième partie de programme, c’était la première mondiale de Torrents (Je suis en feu), une œuvre de Linda Bouchard pour quatuor à cordes en direct, son enregistré et projection de film. La compositrice québécoise a fait fleurir cette précieuse collaboration avec le Quatuor Bozzini et le vidéaste Huei Lin, présent sur place.
« Inspiré par les signaux maritimes, Torrents intègre les idées de communication et de relations, de singularité et de multiplicité, de granularité et de fluidité. »
Les cordes deviennent alors cornes de brume, sirènes, alertes, quatre fréquences sont soutenues en spirales ascendantes pendant que des traitements sonores en soutiennent l’ascension. Puis le quatuor inscrit un moment de dialectique entre consonance et dissonance. La trame dramatique s’épaissit, les cordes frottées sont recouvertes de montages sonores incluant des enregistrements de voix humaines et autres sons préenregistrés et traités subtilement. Les choses se corsent davantage aux 4/5 e de l’œuvre , puis la conclusion s’avère calme, méditative, consonante, réconfortante.
Plus tôt, l’œuvre 60 loops du compositeur Pierre Jodlowski étudiait l’interaction entre la machine et les gestes humains dans un minimalisme, non sans rappeler Steve Reich pour ses jeux de décalage rythmique. La patte Jodlowski entrait plus clairement en jeu dans ses superpositions de courtes lignes mélodiques ou techniques étendues des cordes et d’une trame électroacoustique. On aura aussi écouté la musique du compositeur canadien Luke Nickel, qui proposait Supreme Chains, autre jeu subtil de motifs décalés.