Cinq œuvres contemporaines, autant de compositeurs.trices. Le fil conducteur? Outre des mots tissés par l’auteur Kaie Kellough, le groove. En effet, cet élément d’ordinaire si peu associé à la musique de création s’est retrouvé l’élément central de la soirée du 15 mars 2025 à l’Espace Orange du Wilder dans le Quartier des Spectacles, à Montréal. C’est à l’occasion de la Semaine du Neuf organisée par Le Vivier qu’avait lieu la présentation d’un spectacle intitulé Quelque part, mon jardin / My Backyard, Somewhere, spectacle fusionnant les univers créatifs de deux des ensembles les plus originaux et dynamiques de la scène montréalaise/canadienne : collectif9 et ses neuf cordes et Architek Percussions et ses quatre géniaux tapeux et piocheux.. Pour en savoir beaucoup plus sur l’origine de ce concept, lisez l’entrevue réalisée par le collègue Alain Brunet ICI.
Gracieuseté Semaine du Neuf – Le Vivier crédit photo : Philippe latour par Frederic CardinLa stratégie d’interprétation adoptée par les artistes est tout à fait originale : les cinq œuvres sont charcutées en diverses parties, et ensuite mélangées entre elles pour offrir une trame continue d’environ une heure quinze minutes. Un peu comme si l’on prenait cinq modèles de blocs Lego et qu’on les ré-assemblait en une seule nouvelle construction, entièrement cohérente.
Ainsi, le fil sonore de la soirée était parcouru de contrastes entre les esthétiques glitch/syncopes de Nicole Lizée, post-minimaliste/dissonant de Luna Pearl Woolf, chamber pop de Eliot Britton, presque muzak de Brett Higgins et néo-impressionniste/rock de Derek Charke. Les paroles de Kellough, parfois scandées ou déclamées par l’artiste lui-même, façon spoken word et très urbaine, parfois pré-enregistrées et altérées, marquaient le coup et offraient une couleur très street à l’ensemble du concert.
Quelque part, mon jardin / My Backyard est une proposition contemporaine dont l’actualité est ancrée dans le brouillage qu’elle fait entre les univers savants et pop multi-tendance. Elle est surtout une démarche d‘inclusion de la pulsation chaloupée des musiques noires, plutôt que celle, métronomiquement régulée, du Minimalisme, autre école stylistique basée sur l’affirmation rythmique. Pour les amoureux de la modernité harmonique, voir de l’avant-garde, il faudra repasser, car on est ici en territoire presque totalement consonant.
Le résultat final est résolument contemporain tout en étant très accessible même pour un public profane en matière de musique de création. Peut-être même un peu trop ‘’poli’’ pour certains, si je me fie à quelques commentaires entendus?
Qu’à cela ne tienne et en ce qui me concerne, ainsi que l’ami Alain Brunet présent à mes côtés, Quelque part, mon jardin / My Backyard est l’un des très bons projets de collectif9 et Architek.
Luna Pearl Woolf: But I Digress… (2018) – 19 min
Bret Higgins: among, within, beneath, atop (2018) – 8 min
Derek Charke: the world is itself a cargo carried (2018) – 15 min
Eliot Britton: Backyard Blocks (2018) – 17 min
Nicole Lizée: Folk Noir/Canadiana (2018) – 14 min