La Maison Symphonique a vibré ce dimanche après-midi sous les archets, les embouchures et les voix des étudiant·es de l’Orchestre symphonique de McGill, du Chœur de chambre Schulich et du Chœur universitaire de McGill. Pour faire résonner ce programme impressionnant traversant le XXe siècle et des esthétiques diverses, pas moins de 230 musicien·nes se sont réuni·es sur scène pour rendre honneur à cette musique remarquable.
Pendant la fermeture de leur salle de concert Pollack, les ensembles en profitent pour jouer dans plusieurs salles de la ville. Cette fois-ci, direction la Maison Symphonique. 45 minutes avant le début du concert, le public a été accueilli en musique par une prestation du Chœur de chambre Schulich dans le Foyer de la salle. Sous le sapin et auprès d’un public très attentif, ils nous ont offert une belle entrée en matière portée par 6 chef·fes de chœur.
En guise de prélude au Requiem, le concert a débuté tout en douceur avec la pièce chorale Ubi Caritas. Puis, l’orchestre de 90 instrumentistes, les 140 choristes et l’orgue Pierre-Béique de la Maison Symphonique, sous la direction de Jean-Sébastien Vallée, ont enchaîné avec une interprétation remarquable du Requiem de Maurice Duruflé.
Malgré certains passages où l’on aurait apprécié un peu plus d’assurance de la part du chœur, il s’est tout de même distingué par une solidité impressionnante, alternant entre des passages mélodiques d’une grande finesse et des fortissimos déchirants. Et lorsque le chœur, l’orchestre et l’orgue s’unissent, l’impact sonore dans la salle est renversant. La puissance de l’ensemble submerge littéralement l’auditoire. Le quatrième mouvement, Hosanna, s’est entre autres démarqué par son intensité spectaculaire, mettant en valeur l’acoustique de la salle. Dans le cinquième mouvement, Pie Jesu, l’orchestre a magnifiquement mis en valeur la mezzo-soprano Javiera Zepeda, particulièrement dans ses passages aigus où sa maîtrise vocale se conjuguait parfaitement avec le timbre des alti et des violoncelles. Le Requiem a été un moment fort du concert.
Puis, au retour de l’entracte, la prestation du Thème et variations de Schoenberg a été portée par des cuivres d’une solidité remarquable. Dès les premières expositions du thème principal, les articulations étaient nettes et précises, mettant en lumière une caractéristique essentielle de l’œuvre. Chaque section a offert des espaces sonores distinctifs, permettant à l’orchestre de dévoiler toute la finesse du contrepoint et l’élégance de l’orchestration.
Le concert s’est achevé sur les Variations Enigma d’Edward Elgar, nous entraînant dans un jeu subtil et mystérieux. Chacune des 14 variations esquisse un portrait sonore d’un proche du compositeur, mêlant tendresse, espièglerie et profondeur, pour culminer dans une variation finale où il se dévoile lui-même. La variation la plus marquante fut la neuvième, Nimrod, où Alexis Hauser a su insuffler aux musiciens une intensité poignante. Un autre moment impressionnant fut la variation dix, nommée Dorabella, où les cordes et le bois ont parfaitement capturé le rire espiègle de l’amie de Elgar, Dora Penny, offrant ainsi un moment de légèreté et d’humour. Finalement, peut-être que dans certains passages les trombonistes ont quelque peu abusé de la puissance de leur instrument, mais on leur pardonne.
En somme, ce fut un concert magnifique, où les musicien·nes semblaient être pleinement inspiré·es par la grandeur du lieu. Avant de plonger dans l’esprit du temps des fêtes, cet après-midi a su mettre un baume sur notre blues du mois de novembre.
crédit photo : Tam Photography