Ce 18 juillet, un grand ventilateur naturel a mis fin à la canicule montréalaise en quelques heures. Mais il faisait très chaud au concert de la franco-camerounaise Valérie Ékoumè, parce la dame sait comment faire monter la température lors de sa prestation. Et pas à peu près !
La chanteuse l’a dit en entrevue à mon collègue Frédéric Cardin : elle aime bien l’accueil que Montréal et d’autres endroits au Canada lui font. Et elle nous le rend bien. Après quinze minutes, elle avait la foule dans sa poche et pouvait nous faire danser et chanter à sa guise. L’ancienne collaboratrice de Manu Dibango et de Youssou Ndour vole maintenant de ses propres ailes et les déploie vers les plus hauts sommets.
La chanteuse, parfois claviériste et batteuse, est entourée de deux musiciens en costumes rouge avec des masques de têtes d’éléphants, un guitariste et un batteur décomplexés, utilisant autant les techniques pop-rock que les rythmes Makossa, Bikutsi et Esséwé. Nous sommes immergés dans l’Afro-pop trépidante, comme en témoigne son dernier disque de 2022 Monè.
Mais c’est Valérie Ékoumè, avec sa voix puissante mais capable de nuances et sa présence scénique, qui règne sur la foule, comme une reine. Mais une souveraine bienveillante et engagée, notamment contre les inégalités en Afrique.
Elle a chanté une magnifique balade, qu’elle nous a ensuite traduite en français. Ça raconte l’histoire d’une famille de migrants africains qui a perdu une enfant lors de leur périple d’immigration illégale. Une Italienne, qui a accueilli la petite fille, est parvenue à retrouver la famille pour leur redonner l’enfant. « C’est une belle histoire, non ? », nous a dit Valérie.
Sur scène, les arrangements musicaux sont moins subtils que sur disque. Mais ce manque est compensé par l’énergie incroyable du trio. Je suis allé devant la foule pour constater que le party était solidement pris. Encore une fois, une foule multiraciale et multigénérationnelle qui dansait à fond.
Certains politiciens nationalistes québécois auraient intérêt à venir faire un tour aux Nuits d’Afrique. Il y avait là une foule, très majoritairement francophone, qui parlait peut-être une autre langue à la maison.
Lors d’une pause, une Québécoise d’origine haïtienne m’a confié que, suite à certaines déclarations récentes de politiciens québécois, un espace raciste s’est libéré. Que, parfois, elle entend des gens cracher quand elle se déplace; elle ne pense pas que c’est un hasard.
Les Nuits d’Afrique sont un antidote à tout cela. Valérie Ékoumè aussi.